Les habitants de l’Ile Fleurie révoltés
Après trois semaines les pieds dans l’eau, les habitants de l’Île Fleurie craquent. Ils s’interrogent sur l’importance de leur quartier et interpellent la maire. Quelles solutions et à qui la faute ?
« Nous sommes Esblygeois et nous payons nos impôts comme tout le monde », déclare Ghislain Delvaux, habitant de l’île Fleurie. À bout de nerfs, cet habitant du chemin de SaintGermain essaye de comprendre pourquoi le quartier est laissé à l’abandon.
La vingtaine de maisons construites sur l’Île Fleurie est en zone inondable et à chaque montée des eaux, les habitants trinquent. Une situation qui les exaspère, ils dénoncent une « mise en danger des citoyens ». Valérie Pottiez-Husson, maire, se dit « concernée par la situation ». Elle a reçu un habitant le 7 février pour en discuter, mais la situation est au point mort.
Ainsi, l’association des habitants de l’Île Fleurie a décidé de se reformer, un an après sa création, pour essayer de trouver des solutions. « Nous sommes livrés à nous-mêmes depuis plusieurs mois, alors nous devons nous serrer les coudes. Nous partageons tout, nos barques, nos denrées alimentaires… Nous avons aucune communication de la mairie », détaille Charles Caius, président de l’association.
Après trois semaines les pieds dans l’eau, les riverains avaient commencé ce week-end à nettoyer leurs habitations. Mais les éléments en ont décidé autrement. Lundi 12 février, l’eau est encore montée et de nouveaux les maisons sont inondées. « On n’en peut plus. Nous avons encore une fois reçu le SMS de Vigicrue trop tard, l’eau était déjà là », détaille Ghislain Delvaux.
Durant la nuit l’eau est montée très vite et les riverains constatent près d’un mètre d’eau en plus. « Le quartier n’est plus considéré, la preuve on nous prévient au dernier moment. Il y a tellement de dégoût et de mépris… », lâche le président de l’association.
Gérard Bichet habite le quartier depuis 1972, c’était la maison de ses parents. « Je n’ai jamais vu des crues comme celle-ci, c’est haut et long. Auparavant, l’eau montait par l’arrière, maintenant c’est par-devant. On est complètement délaissé. »
La maire a donc fait part des problèmes d’entretien à la présidente du syndicat, cependant « l’éternel paradoxe des zones inondables persistera ».
Pas de responsable
Mais alors que se passe-t-il ? Pourquoi l’eau monte-t-elle ainsi dans ce quartier ? Les trois buses qui permettent l’évacuation sous le pont du Morin fonctionnent très mal. En effet, une seule fonctionne sur les trois. Elles doivent permettre l’évacuation de l’eau du Morin vers la Marne.
En revanche, les déchets et les embâcles n’ont pas permis cette évacuation. Tout s’est donc accumulé et la Marne et le Morin ont débordé. « Quand le ru est à sec, personne ne nettoie. Mais bien sûr, quand il y a de l’eau, on découvre les déchets et donc les problèmes », insiste un habitant.
Quant au nettoyage et à l’entretien de ces buses, la question reste très floue. Le syndicat du Grand Morin et les Voies navigables de France (VNF) se renvoient la balle. « Trois arbres sont tombés devant chez moi au mois de juin et j’ai transféré cette information à la mairie, mais rien n’a été fait. Les arbres sont restés, ce qui a fait barrage et les déchets se sont amassés », se rappelle Gérard.
Pour les berges qui s’effondrent devant chez les habitants de l’Île Fleurie, c’est la même interrogation, qui doit entretenir ?
« Nous ne savons pas alors nous le faisons. À chaque problème, nous alertons la mairie via des lettres recommandées mais nous n’avons jamais de retour. Bien sûr, on se sent délaissé », explique Ghislain Delvaux. « On peut crever sur place », accuse Gérard Bichet.
De son côté, la maire estime qu’elle peut difficilement faire plus dans cette zone « très » inondable. « Ce n’est pas un reproche, c’est une vérité : c’est une zone inondable. Malheureusement, ces désagréments climatiques se reproduiront », explique Valérie Pottiez-Husson.
Un chemin pas viabilisé
Les riverains estiment que le quartier est laissé de côté à cause de sa population, composée à 20 % de gens du voyage. « Ils sont sédentaires, je suis maître à l’école et j’ai des enfants dans ma classe. C’est aussi pour eux qu’il faut faire le nécessaire », confie Ghislain Delvaux.
D’ailleurs, les hommes s’organisent pour tenter de rendre le chemin de Saint-Germain praticable, car ce chemin n’est pas viabilisé. « Les riverains souhaitent qu’il devienne une rue mais cela n’est pas possible », insiste la maire. Elle ne voit pas l’intérêt « de favoriser l’accès à des habitations en zone inondable ».
Un avis que les habitants ne cautionnent pas. Le combat continue.
« Le quartier n’est plus considéré »
« On peut crever sur place »