Meaux : violences conjugales, comment sont pris en charge les auteurs ?
Une femme qui subit des violences conjugales est prise en charge par des associations d’aide aux victimes. Mais que devient l’auteur des coups ?
Depuis plusieurs années déjà, l’établissement Horizon de l’association Arile, prend en charge les auteurs de violences conjugales. Cette prise en charge comporte plusieurs volets, à la fois avant et après le jugement.
Après un acte de violence contre une conjointe, l’auteur est placé en garde à vue. Horizon démarre alors très rapidement une enquête sociale. Le but de cette enquête est de dresser un état des lieux de la situation sociale de l’auteur des coups. « Nous proposons ensuite des solutions d’aménagement de peine qui vont du contrôle judiciaire au port d’un bracelet électronique, en passant par l’emprisonnement » évoque Daniel Leitao-Louro, directeur des services en charge de ce secteur chez Horizon.
Lorsque l’auteur des faits est placé sous contrôle judiciaire, celui-ci est assuré par Horizon. L’établissement doit ainsi gérer la mesure d’éloignement qui découle très souvent du contrôle judiciaire. Horizon propose alors un nouveau lieu d’hébergement dans des logements dédiés. L’auteur n’y est pas livré à lui-même, il est accompagné par un travailleur social. Horizon dispose de huit logements.
Mais il arrive très souvent qu’Horizon préconise la condamnation, « en général, le magistrat suit nos préconisations » poursuit Daniel Leitao-Louro.
Horizon est habilité et missionné pour suivre les condamnés pour lesquels le juge a choisi un sursis-mise à l’épreuve. « Si la mesure d’éloignement est maintenue, et c’est souvent le cas, notre hébergement est prolongé. Le but premier est de sécuriser la victime et les enfants », poursuit Daniel Leitao-Louro.
Un stage payant à la charge de l’auteur des coups
Parfois, le procureur oriente les auteurs de coups vers un stage de responsabilisation. Ce stage, qui a lieu une fois par mois, est entièrement à leur charge : 150 €. Une psychologue et un intervenant sociojudiciaire mènent les débats dont le but est de responsabiliser les auteurs de violences conjugales. Chaque mois, entre dix et quinze hommes participent à ce stage d’une journée, dont la convocation est remise par un officier de police judiciaire. Ils ne peuvent y déroger, sauf à remettre en cause leur sursis. « Nous travaillons en lien étroit avec le juge d’application des peines et le procureur. Chaque absence est signalée », commente Daniel Leitao-Louro.
Les hommes placés sous contrôle judiciaire participent à un groupe de parole mené par Horizon. Quatre séances, chaque lundi, durant un mois. Sept à huit personnes y participent à chaque fois. Là aussi, toute absence est signalée au juge des libertés. Deux juristes formés en victimologie assurent les sessions hebdomadaires. « Chaque année, nous suivons une centaine de personnes sous contrôle judiciaire. »
La première étape du groupe de parole commence par le rappel de la loi et des conséquences de toute récidive ou manquement à la mesure d’éloignement.
Puis, durant les étapes suivantes, « nous les amenons à prendre conscience de la place de la victime, de la relation de couple, du cycle de la violence et de ces conséquences sur la cellule familiale et sur les enfants, mais aussi des éléments déclencheurs de ces violences et des situations à risque. »
L’objectif du groupe de parole, comme des stages, est d’empêcher la récidive. Entre 5 à 10 % des hommes encadrés par Horizon passent à nouveau à l’acte. « Pour éviter la récidive, il faut un accompagnement global, et ça commence par l’hébergement. Souvent, le couple habite un logement que l’homme ne pourra plus occuper. S’il n’a pas d’autre endroit où dormir, il y reviendra. Il est aussi nécessaire de travailler autour de la relation familiale, pour lui donner un but : revoir se enfants, par exemple » conclut Daniel Leitao-Louro.
Des mesures d’éloignement
Sécuriser la victime
Des groupes de parole