Le baccalauréat nouveau est arrivé
Le premier cru du nouveau baccaulauréat est attendu pour 2021. Ce sont les élèves actuellement en classe de 3e qui en auront la primeur. En attendant, le lycée va se réorganiser. Gros plan sur la réforme présentée par le ministre de l’Education nationale, JeanMichel Blanquer. Près de 700 000 lycéens le passe chaque année mais malgré son fort taux de réussite, le baccalauréat ne parvient plus à tracer la voie vers les études supérieures. 61 % des bacheliers n’arrivent pas au terme de celles qu’ils ont initialement engagées. Un manque d’efficacité qui se double d’un coût important pour l’Etat en raison d’épreuves finales plus nombreuses que chez nos voisins européens. « Le nouveau baccalauréat est fait pour faire réussir les élèves. En s’y préparant, on développe aussi des compétences utiles pour la suite. Après l’école et le collège, l’élève a acquis un socle de connaissances et de compétences. Avec le lycée du futur, il va s’épanouir vers la définition de son chemin », affirme le ministre de l’Education nationale, JeanMichel Blanquer (photo). Ce sont les élèves actuellement en classe de 3e qui pourront en témoigner les premiers puisque la nouvelle version de l’examen portera le millésime 2021. A partir de la classe de 1re, ils n’auront plus à choisir entre les trois séries du bac général L, ES et S (littéraire, économique, scientifique) qui vont être supprimées. En première et terminale, la voie générale sera en effet composée d’un socle commun comprenant le français, la philosophie, l’histoire-géographie, l’enseignement moral et civique, deux langues vivantes, l’éducation physique et sportive ainsi qu’une nouvelle matière baptisée « humanités scientifiques et numériques ». Chaque élève pourra ensuite opter pour trois « disciplines de spécialité » en Première, puis deux parmi ces trois, en Terminale. Au choix : arts, géopolitique et sciences politiques, littérature et philosophie, langues et littératures étrangères, mathématiques, numérique et sciences informatiques, sciences de la vie et de la terre, sciences de l’ingénieur, sciences économiques et sociales, physique-chimie. Des enseignements facultatifs seront proposés, à raison de trois heures de cours hebdomadaires, par exemple une troisième langue vivante, des mathématiques « expertes » ou « complémentaires », le droit et les grands enjeux du monde contemporain, etc. Reste à savoir si tous les lycées pourront proposer la même offre de formation, une condition essentielle pour ne pas aggraver encore le caractère inégalitaire du système scolaire français. 40 % de contrôle continu Au contraire, le ministre revendique un nouveau bac « plus juste » car, « il n’y a plus l’angoisse de tout jouer sur une seule épreuve mais la possibilité de montrer son effort sur l’ensemble des années de lycée ». L’examen reposera à 60 % sur un contrôle terminal et à 40 % sur un contrôle continu. L’écrit et l’oral de français sont maintenus en fin de première, comme aujourd’hui. Quatre épreuves auront lieu à l’issue de la Terminale dont deux choisies seront passées à la fin du printemps, les deux autres matières fin juin. Un « grand oral » consistera à exposer et argumenter un projet devant un jury de trois personnes. Les épreuves du contrôle continu se dérouleront durant la Première et la Terminale. « Pour garantir l’égalité entre les candidats et les établissements scolaires, une banque nationale numérique de sujets sera mise en place », précise le ministère de l’Education nationale. « Les copies seront anonymisées et corrigées par d’autres professeurs que ceux de l’élève. » Les bulletins scolaires ne compteront que pour 10 % dans la note finale du bac. Dans l’immédiat, le bac 2021 semble convaincre. A la question de OuestFrance, « quelle note donneriez-vous à cette réforme ? », le sociologue spécialiste de l’Education, François Dubet, répond : « Elle a largement la moyenne, démontrant enfin qu’il y a une capacité d’action dans le système scolaire ! Le bac sera toujours un certificat d’études secondaires, il va s’individualiser, devenir un petit concours pour chacun. C’est plutôt bien. » « Ça passe mais gaffe à la casse », prévient Libération, constatant le peu de contestation. « L’examen national est critiqué de toutes parts mais réputé intouchable. Si les syndicats enseignants sont loin d’être tous enchantés par le projet Blanquer, certains reconnaissent qu’une réforme est nécessaire. Et les autres, ne voyant pas en quoi cette réforme simplifie le bac et redoutant qu’elle ne renforce les inégalités entre lycées, peinent à mobiliser ! »