Ce qui freine les installations
L’étude sur l’agriculture à Bréhat, réalisée fin octobre, livre ses premiers enseignements. Les principaux freins à l’installation ont été ciblés. Il s’agit maintenant de les dépasser en accompagnant les porteurs de projet…
Le fonds de dotation Perspective - créé en 2011 par Marc Jérôme et Annick Jade de Belle-Isle-en-Terre - a apporté son soutien pour structurer la réflexion initiée par deux associations bréhatines - Bréhat vit et Fert’île - en leur suggérant de confier une étude sur l’avenir des terres agricoles, à une équipe expérimentée.
Il s’agissait de consulter des documents, réaliser des interviews, analyser les avantages et les obstacles au développement de l’agriculture à Bréhat et de proposer des solutions concrètes.
Elle a finalement été réalisée fin octobre par Jeanne Roche, architecte du paysage et Naïla Bedrani, ingénieure agricole.
25 exploitations en 1955
En 1955, Bréhat comptait 25 exploitations agricoles. Aujourd’hui, la plupart ont été transformés en jardin privatif ou en friches. On compte 33 hectares valorisés en agriculture, ce qui représente 11,4 % de la surface de l’île.
L’étude a recensé les exploitations existantes, leurs problématiques et attentes actuelles. Il s’agit de deux éleveurs en bovin, un pépiniériste et un maraîcher. Un diagnostic de l’existant avec une cartographie a été réalisé qui montre qu’au nord, il y a les terres de maraîchage et d’élevage et au sud, l’élevage.
Différents projets ont été répertoriés : un élevage de transformation de vaches laitières, un projet de plantes aromatiques et médicinales, des récoltants d’algues avec leurs besoins concrets en termes de terres et de bâtiments éventuels.
Les principaux freins
Plusieurs propriétaires fonciers ont été rencontrés. Les freins qui ressortent des échanges concernent la rétention foncière, la spéculation dans l’attente d’un éventuel changement de destination des terres, la gêne visuelle (serres…).
Du côté des futurs exploitants, la principale difficulté reste à contractualiser pour obtenir un fermage permettant des cultures pérennes. Mais il faut aussi prendre en compte le problème de logement, le microparcellaire dispersé, la difficulté à obtenir un permis de construire pour du bâti agricole.
33 hectares potentiels
Les différents espaces propices à la culture ont été recensés sur l’île et représentent 33 hectares de surface potentiels supplémentaires.
Les possibilités concernent l’élevage de volailles, l’agritourisme d’ânes, les fruits et légumes, l’ostréiculture, les produits laitiers, l’élevage caprin ou ovin.
Les problèmes majeurs concernent le problème de logement et la viabilité économique. Pour l’installation de familles, il faut prendre en compte le facteur emploi pour le conjoint.
Accompagner les porteurs de projet
La conclusion de l’étude note que les propriétaires sont sensibles et intéressés. L’accueil est favorable par les agriculteurs en place et les entrepreneurs de l’île. Une cartographie propice aux pâturages et aux cultures déterminées a été établie.
Reste les difficultés liées au bail rural, compliqué à mettre en place à Bréhat car il ne s’applique pas sur les petites parcelles. Le commodat ou prêt à usage semble plus adapté mais reste précaire pour l’agriculteur qui n’a aucune garantie de pérenniser l’accord s’il se lance dans des cultures à long terme.
Une proposition de méthodologie est faite pour constituer un comité de pilotage agricole.
Ce dernier devra accompagner les porteurs de projet, favoriser leur accès au logement, sensibiliser et informer les multiples propriétaires fonciers, mettre en relation ces différentes acteurs, porteurs de projets, agriculteurs et propriétaires.