En Haïti, un déchirant renoncement
En juin, huit mois après le passage de l’ouragan Matthew en Haïti, André Rousseau a « touché du doigt le dénuement le plus total. Cela vous prend aux tripes. »
Huit mois après, « les gens vivaient encore dans des cabanes, les écoles étaient faites de bâches et bout de bois. Plus de structures, plus de cantines, plus de moyens minimums pour envoyer son enfant à l’école et payer l’uniforme obligatoire. À proximité de l’oeil du cyclone, c’était terrible. »
Partie avec l’ambition d’électrifier 60 écoles en un mois, l’équipe d’Electriciens sans frontières a écourté, à contrecoeur, sa mission… « Pour intervenir, il fallait d’abord que l’école soit construite ». Or, dans bien des endroits reculés, il n’y avait rien. Ou si peu. Comme dans ce village à 3 h de piste et 2 heures de marche, avec un dénivelé de 600 mètres, où les enfants et professeurs sont entassés dans un minuscule local.
À 300 mètres de là, seules quelques fondations d’une école sont posées, le chantier initié par une ONG est laissé en plan. « On ne pouvait rien faire, on savait que l’école resterait un moment dans cet état-là… Fin de l’histoire. »
« Quand on arrive, on apporte toujours l’espoir… Face à l’impossibilité d’électrifier une structure non bâtie, on disait qu’on était là pour une expertise. » Au bout de trois semaines, « dépourvue humainement », l’équipe stoppe sa percée dans les villages reculés. « Il vaut mieux partir que de provoquer un espoir auquel on ne pourra répondre. C’est plus destructeur. »
Ces rares déceptions n’altèrent en rien les équipes d’ESF qui, pour reprendre le slogan de l’association, ont et diffuse « l’énergie du développement ».