José-Alain Sahel
Implants rétiniens, médecine régénérative, thérapies géniques… Pour combattre les maladies de la rétine, de nouveaux traitements entrent progressivement en essai clinique ou en application. Un tournant, pour José-Alain Sahel, qui participe depuis plus de
La réparation de l’oeil est en train de passer du rêve à un début de réalité” Propos recueillis par Mathias Germain
L’aventure scientifique a commencé à la fin des années 1980. Alors confronté aux malades qui perdaient la vue à cause de maladies qui détruisent les cellules de la rétine, le médecin José-Alain Sahel se lance dans la recherche. Curieux, persévérant, il pousse les portes, pioche dans toutes les disciplines. Il débute ainsi à Strasbourg avec une première équipe transdisciplinaire de recherche dédiée à la rétine. En 2008, il fonde l’Institut de la vision, à Paris, où dixsept équipes explorent les mécanismes de la vision, ses affections, et développent des traitements plus audacieux les uns que les autres. « L’ophtalmologie est à un tournant », a-t-il exposé au Collège de France où il a occupé cette année la chaire d’Innovation technologique Liliane Bettencourt. Juste avant de prendre de nouvelles fonctions à l’Institut du cerveau à l’université de Pittsburgh, en Pennsylvanie, dans le cadre d’un partenariat visant à développer de nouvelles stratégies de restauration visuelle.
La Recherche L’oeil est souvent comparé à un appareil photo, cette analogie est-elle juste ?
José-Alain Sahel Comme l’appareil photo, l’oeil comprend un système de lentilles, la cornée et le cristallin, qui fait converger la lumière vers un film sensible, la rétine. Mais la comparaison s’arrête là, car les modalités sont différentes. L’appareil photo traite très peu l’image : d’une façon générale, il équilibre les ambiances lumineuses et les contrastes, mais c’est tout. L’oeil, lui, fait un travail bien plus complexe. Il détermine les objets dignes d’attention, ceux qui seront placés au centre de la rétine, tandis qu’il garde une vision d’alerte pour l’ensemble. Ainsi, l’oeil ne présente pas une image au cerveau que celui-ci va traiter : il participe pleinement au traitement de l’image, qui commence dès la rétine dans un processus continu, hiérarchisé, jusqu’au cerveau.
C’est donc un prolongement du cerveau?
Mieux que cela, l’oeil et le cerveau ne font qu’un ! Sur le plan cellulaire, la rétine se compose non