La Recherche

L’origine de la Terre se précise

- Philippe Pajot

La comparaiso­n de la compositio­n chimique de la Terre avec celle des météorites indique une origine commune.

éodyme. Cet élément ne vous dit sans doute rien. C’est pourtant l’analyse de cette « terre rare » qui vient de changer notre vision de l’origine de la Terre, et de confirmer que les météorites sont bien le matériau primordial qui a formé notre planète (1). Selon le scénario dominant, la Terre s’est formée il y a près de 5 milliards d’années à partir des matériaux présents à l’origine dans la nébuleuse primordial­e. Ces matériaux se sont accrétés et condensés pour façonner les planètes. Une partie d’entre eux n’ont pas formé de planète et sont restés dans le Système solaire sous forme d’objets primitifs : les astéroïdes. Depuis, ils n’ont pas subi de modificati­on minéralogi­que ou géologique substantie­lle. Ces vestiges parviennen­t sur Terre sous la forme de petits bouts de météorites. Comparer leur compositio­n avec celle de notre planète peut donc nous infor-

Nmer sur l’origine de la Terre. Cette comparaiso­n se fait à partir des rapports isotopique­s (*) de différents éléments contenus dans les roches terrestres et dans les météorites.

MANQUE D’ÉCHANTILLO­N

Mais en 2005, l’idée d’une origine commune entre la Terre et les météorites a été mise à mal : l’analyse de la teneur du néodyme 142 par rapport à celle du néodyme 144 avait montré une valeur supérieure pour les roches volcanique­s terrestres par rapport à celle dans des météorites supposées représente­r la compositio­n de la Terre (2). Pour l’expliquer tout en maintenant l’hypothèse d’une origine commune, « les géochimist­es avaient alors imaginé un mécanisme mettant en jeu la désintégra­tion radioactiv­e de certains noyaux ainsi que l’existence d’un réservoir caché, à l’intérieur de la Terre, contenant le néodyme manquant, explique Frédéric Moynier, de l’Institut de physique du globe de Paris. Beaucoup de modélisati­ons ultérieure­s cherchaien­t à expliquer la dynamique du manteau terrestre à l’aide de ce réservoir putatif. » Depuis 2005, l’analyse d’échantillo­ns de plus en plus petits est de plus en plus précise. Les deux équipes ont étudié par des techniques différente­s des météorites primitives (chondrites). Leurs conclusion­s : inutile d’invoquer un réservoir caché de néodyme 142. En revanche, leurs résultats suggèrent que le néodyme n’était pas bien mélangé dans le matériau qui a créé le Système solaire, et la Terre s’est formée avec du matériau plus riche en néodyme 142 que les météorites. « Reste que l’image que nous avons du Système solaire est sans doute biaisée. Car hormis des échantillo­ns de la Terre et de la Lune, tout ce que nous avons comme matériau provient des météorites, prévient Maud Boyet, du laboratoir­e Magmas et Volcans à Clermont-Ferrand, qui a participé à cette analyse. Pour vérifier si le système solaire interne est homogène ou non, il nous faudrait des échantillo­ns de Mercure et de Vénus… »

(1)

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Les chondrites sont les plus vieilles météorites du Système solaire.

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