L’origine de la Terre se précise
La comparaison de la composition chimique de la Terre avec celle des météorites indique une origine commune.
éodyme. Cet élément ne vous dit sans doute rien. C’est pourtant l’analyse de cette « terre rare » qui vient de changer notre vision de l’origine de la Terre, et de confirmer que les météorites sont bien le matériau primordial qui a formé notre planète (1). Selon le scénario dominant, la Terre s’est formée il y a près de 5 milliards d’années à partir des matériaux présents à l’origine dans la nébuleuse primordiale. Ces matériaux se sont accrétés et condensés pour façonner les planètes. Une partie d’entre eux n’ont pas formé de planète et sont restés dans le Système solaire sous forme d’objets primitifs : les astéroïdes. Depuis, ils n’ont pas subi de modification minéralogique ou géologique substantielle. Ces vestiges parviennent sur Terre sous la forme de petits bouts de météorites. Comparer leur composition avec celle de notre planète peut donc nous infor-
Nmer sur l’origine de la Terre. Cette comparaison se fait à partir des rapports isotopiques (*) de différents éléments contenus dans les roches terrestres et dans les météorites.
MANQUE D’ÉCHANTILLON
Mais en 2005, l’idée d’une origine commune entre la Terre et les météorites a été mise à mal : l’analyse de la teneur du néodyme 142 par rapport à celle du néodyme 144 avait montré une valeur supérieure pour les roches volcaniques terrestres par rapport à celle dans des météorites supposées représenter la composition de la Terre (2). Pour l’expliquer tout en maintenant l’hypothèse d’une origine commune, « les géochimistes avaient alors imaginé un mécanisme mettant en jeu la désintégration radioactive de certains noyaux ainsi que l’existence d’un réservoir caché, à l’intérieur de la Terre, contenant le néodyme manquant, explique Frédéric Moynier, de l’Institut de physique du globe de Paris. Beaucoup de modélisations ultérieures cherchaient à expliquer la dynamique du manteau terrestre à l’aide de ce réservoir putatif. » Depuis 2005, l’analyse d’échantillons de plus en plus petits est de plus en plus précise. Les deux équipes ont étudié par des techniques différentes des météorites primitives (chondrites). Leurs conclusions : inutile d’invoquer un réservoir caché de néodyme 142. En revanche, leurs résultats suggèrent que le néodyme n’était pas bien mélangé dans le matériau qui a créé le Système solaire, et la Terre s’est formée avec du matériau plus riche en néodyme 142 que les météorites. « Reste que l’image que nous avons du Système solaire est sans doute biaisée. Car hormis des échantillons de la Terre et de la Lune, tout ce que nous avons comme matériau provient des météorites, prévient Maud Boyet, du laboratoire Magmas et Volcans à Clermont-Ferrand, qui a participé à cette analyse. Pour vérifier si le système solaire interne est homogène ou non, il nous faudrait des échantillons de Mercure et de Vénus… »
(1)