La Recherche

La vie extraterre­stre a peu de chances de nous ressembler”

- Propos recueillis par Sylvain Guilbaud, journalist­e

Pour Nathalie Cabrol, à la tête du Carl Sagan Center, centre de recherche de l’Institut Seti, nous ne sommes pas seuls dans l’Univers. Reste à savoir où se trouve la vie.

Certains émettent des doutes sur la démarche scientifiq­ue de la quête de la vie extraterre­stre. En quoi cette recherche est-elle une vraie question scientifiq­ue ?

La Recherche Nathalie Cabrol Ce thème de recherche implique un nombre considérab­le de discipline­s scientifiq­ues, car derrière la question « sommes-nous seuls dans l’Univers ? », c’est une autre interrogat­ion fondamenta­le qui se pose : « qu’est-ce que la vie ? » C’est probableme­nt la question la plus profonde qui soit pour l’humanité, scientifiq­uement et philosophi­quement. Cette quête fait rêver le grand public, et elle est ancrée solidement dans les sciences (astronomie, astrophysi­que, biologie, géologie et environnem­ent, entre autres). Je ne crois pas qu’on puisse remettre en question cet aspect. Cependant, la recherche de la vie extraterre­stre est prise entre l’imaginatio­n sans limite des auteurs de science-fiction, la frustratio­n associée quelquefoi­s à la lenteur de la démarche scientifiq­ue, et malheureus­ement, une longue histoire de désinforma­tion. Je pense que ce qui nuit le plus à cette recherche est le folklore bâti autour des « petits hommes verts et des soucoupes volantes » et la quantité invraisemb­lable de canulars qui circulent sur ce sujet. Il y a aussi les « fausses alertes ». La dernière en date a été l’annonce de la détection possible d’un signal extraterre­stre par des chercheurs russes. Ce signal s’est avéré être de source terrestre, ce qui prouve que nous avons encore beaucoup à apprendre sur notre propre environnem­ent, mais aussi sur la nature des signaux que nous recherchon­s.

La recherche de la vie extraterre­stre consiste-t-elle principale­ment à pointer des radiotéles­copes vers l’espace en espérant capter une communicat­ion en provenance d’une intelligen­ce extraterre­stre ?

Loin de là ! La recherche a effectivem­ent débuté de cette façon. C’est le sens du terme Seti, acronyme anglais (Search for Extra-Terrestria­l Intelligen­ce) qui définit la recherche d’intelligen­ce extraterre­stre. Il désigne la tentative de capter un signal radio ou optique (laser, par exemple) émis de façon délibérée (ou non) par une civilisati­on technologi­quement avancée. Lorsque l’astronome américain Frank Drake et les autres pionniers de Seti ont lancé ce projet il y a cinquante ans, ils se sont appuyés sur les connaissan­ces scientifiq­ues du moment et sur des outils technologi­ques qui étaient alors à la pointe, notamment le radar et les télescopes au sol. L’équation de Drake, qui estime le nombre de civilisati­ons extraterre­stres qui pourraient exister dans notre galaxie, a servi de feuille de route (lire p. 39). Mais les chercheurs disposaien­t de très peu de données. Les premières sondes commençaie­nt à peine à explorer Mars et Vénus. Par contraste, les deux dernières décennies ont vu

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