Des bulletins météo extrêmes à prévoir
Avec le réchauffement climatique, certains événements météorologiques extrêmes devraient se multiplier. C’est ce que montrent des modèles du climat de plus en plus précis.
Canicules, pluies torrentielles, sécheresses, cyclones… alimentent régulièrement l’actualité. En France, on se souvient encore de la sécheresse de 1976. La canicule de l’été 2003, la tempête Xynthia des 27 et 28 février 2010 ou les pluies du 3 octobre 2015 sur le littoral des Alpes-Maritimes et du printemps dernier dans le Centre-Val de Loire, en Île-de-France et dans le Nord ont marqué les esprits. Cet historique récent peut donner l’impression que ces événements météo augmentent en fréquence ou en amplitude sous l’influence du réchauffement climatique. Toutefois, cette interprétation peut être faussée par la vulnérabilité des populations à l’aléa météorologique et par la médiatisation de ces phénomènes. Les scientifiques peuventils déterminer ce qu’il en est vraiment ? Pour eux, l’enjeu est double : isoler l’effet des activités humaines (donc du changement climatique dit « anthropique ») sur les fluctuations observées des événements extrêmes, et anticiper les évolutions futures selon différents scénarios (lire p. 63). La tâche des climatologues est compliquée. D’abord parce que la température, les vents et les précipitations fluctuent naturellement au cours du temps, sous l’influence de la circulation atmosphérique (*) et des échanges d’énergie entre l’océan et l’atmosphère, tels les épisodes El Niño dans le Pacifique tropical. Cette variabilité interne (*) tend à brouiller le signal du changement climatique : comment séparer la part des événements extrêmes qui lui est due de celle qui relève du réchauffement global ? Les données d’observation ne suffisent pas et il faut faire appel à des ensembles de simulations historiques fondées sur des modèles de climat (*). Mais, seconde difficulté, ces modèles ont une marge d’erreur. Pour la réduire, il faut les améliorer et s’appuyer sur une multiplicité de modèles aussi indépendants que possible. Qu’est-ce qu’un événement climatique extrême ? Une première définition s’appuie sur les impacts de l’événement : est extrême une canicule, une sécheresse, une tempête suffisamment longue ou intense pour avoir d’importantes conséquences socio-économiques. Une deuxième approche est purement statistique. Le changement climatique global observé depuis plus d’un siècle n’affecte pas seulement la moyenne des températures et des précipitations, mais l’ensemble de leur distribution au cours du temps et à différentes échelles spatiales. C’est aux extrémités de cette distribution statistique que se trouvent les événements les plus rares, les épisodes « froids » ou « chauds », de sécheresse et de fortes pluies. Commençons par les températures. On observe qu’un décalage de leur distribution vers un climat plus chaud rend les extrêmes froids moins probables et les extrêmes chauds plus probables (Fig. 1). Une façon de le quantifier est de classer, pour un lieu et un jour de l’année, toutes les températures observées au fil des années