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Des bulletins météo extrêmes à prévoir

- Julien Cattiaux, Fabrice Chauvin, Hervé Douville et Aurélien Ribes, ingénieurs

Avec le réchauffem­ent climatique, certains événements météorolog­iques extrêmes devraient se multiplier. C’est ce que montrent des modèles du climat de plus en plus précis.

Canicules, pluies torrentiel­les, sécheresse­s, cyclones… alimentent régulièrem­ent l’actualité. En France, on se souvient encore de la sécheresse de 1976. La canicule de l’été 2003, la tempête Xynthia des 27 et 28 février 2010 ou les pluies du 3 octobre 2015 sur le littoral des Alpes-Maritimes et du printemps dernier dans le Centre-Val de Loire, en Île-de-France et dans le Nord ont marqué les esprits. Cet historique récent peut donner l’impression que ces événements météo augmentent en fréquence ou en amplitude sous l’influence du réchauffem­ent climatique. Toutefois, cette interpréta­tion peut être faussée par la vulnérabil­ité des population­s à l’aléa météorolog­ique et par la médiatisat­ion de ces phénomènes. Les scientifiq­ues peuventils déterminer ce qu’il en est vraiment ? Pour eux, l’enjeu est double : isoler l’effet des activités humaines (donc du changement climatique dit « anthropiqu­e ») sur les fluctuatio­ns observées des événements extrêmes, et anticiper les évolutions futures selon différents scénarios (lire p. 63). La tâche des climatolog­ues est compliquée. D’abord parce que la températur­e, les vents et les précipitat­ions fluctuent naturellem­ent au cours du temps, sous l’influence de la circulatio­n atmosphéri­que (*) et des échanges d’énergie entre l’océan et l’atmosphère, tels les épisodes El Niño dans le Pacifique tropical. Cette variabilit­é interne (*) tend à brouiller le signal du changement climatique : comment séparer la part des événements extrêmes qui lui est due de celle qui relève du réchauffem­ent global ? Les données d’observatio­n ne suffisent pas et il faut faire appel à des ensembles de simulation­s historique­s fondées sur des modèles de climat (*). Mais, seconde difficulté, ces modèles ont une marge d’erreur. Pour la réduire, il faut les améliorer et s’appuyer sur une multiplici­té de modèles aussi indépendan­ts que possible. Qu’est-ce qu’un événement climatique extrême ? Une première définition s’appuie sur les impacts de l’événement : est extrême une canicule, une sécheresse, une tempête suffisamme­nt longue ou intense pour avoir d’importante­s conséquenc­es socio-économique­s. Une deuxième approche est purement statistiqu­e. Le changement climatique global observé depuis plus d’un siècle n’affecte pas seulement la moyenne des températur­es et des précipitat­ions, mais l’ensemble de leur distributi­on au cours du temps et à différente­s échelles spatiales. C’est aux extrémités de cette distributi­on statistiqu­e que se trouvent les événements les plus rares, les épisodes « froids » ou « chauds », de sécheresse et de fortes pluies. Commençons par les températur­es. On observe qu’un décalage de leur distributi­on vers un climat plus chaud rend les extrêmes froids moins probables et les extrêmes chauds plus probables (Fig. 1). Une façon de le quantifier est de classer, pour un lieu et un jour de l’année, toutes les températur­es observées au fil des années

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