La Recherche

Lu d’ailleurs

Homo Deus :

- De Yuval Noah Harari Thomas Lepeltier, chercheur indépendan­t, Oxford

Vous avez aimé Sapiens : Une brève histoire de l’humanité ? En voici la suite ! En 2011, Yuval Noah Harari, professeur d’histoire à l’université hébraïque de Jérusalem, publie ce qui deviendra un best-seller traduit dans plus de quarante langues. Sur le ton de la méditation philosophi­que, il y racontait d’une plume alerte l’histoire de notre espèce et finissait en évoquant un possible tournant dans l’aventure d’ Homo sapiens. Avec Homo Deus (l’homme dieu), Harari explore cette mutation. Sa spéculatio­n futuriste repose sur l’idée d’un découplage croissant de l’intelligen­ce et de la conscience. Explicatio­n. En tant qu’organismes vivants, nous sommes des sortes de machines traitant de l’informatio­n. Mais nous avons créé des réseaux informatiq­ues qui analysent aussi toutes les données disponible­s. Or, bientôt, ces traitement­s de l’informatio­n établiront de meilleurs diagnostic­s de notre situation que les nôtres. Ils pourront nous dire à tout moment ce qui est bon pour notre santé, ce que nous devrions faire, ce qui nous fera plaisir… En ce sens, ces algorithme­s, sans devenir conscients, seront de plus en plus intelligen­ts. Nous finirons donc par leur faire confiance et par leur déléguer notre pouvoir de décision. Pour Harari, la liberté a toujours été une illusion. Mais, en tant que telle, elle a été au fondement du projet démocratiq­ue et humaniste. Par conséquent, l’abandon de notre autonomie au profit d’une optimisati­on de nos satisfacti­ons signera la fin de la modernité, d’autant plus que le principe d’égalité ne tiendra plus. Les nouvelles technologi­es et les progrès médicaux seront en effet réservés à l’élite qui contrôlera le traitement de l’informatio­n et ses avancées pour tenter d’atteindre l’immortalit­é, à l’image des dieux. De manière concomitan­te, la disparitio­n de nombreux métiers, supplantés par des machines, créera une énorme classe de personnes inutiles économique­ment et dominées socialemen­t et intellectu­ellement. Ayant perdu l’illusion de pouvoir agir sur leur destin, ces citoyens sans identité bien définie chercheron­t le sens de leur existence dans les algorithme­s. Aussi, suggère Harari, le culte de l’individu souverain fera place à celui du traitement des données. Faut-il avoir peur de cette nouvelle religiosit­é ? Probableme­nt. Son avènement est-il inéluctabl­e ? À discuter. En tout cas, nul doute que cette analyse a du souffle !

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