Lu d’ailleurs
Homo Deus :
Vous avez aimé Sapiens : Une brève histoire de l’humanité ? En voici la suite ! En 2011, Yuval Noah Harari, professeur d’histoire à l’université hébraïque de Jérusalem, publie ce qui deviendra un best-seller traduit dans plus de quarante langues. Sur le ton de la méditation philosophique, il y racontait d’une plume alerte l’histoire de notre espèce et finissait en évoquant un possible tournant dans l’aventure d’ Homo sapiens. Avec Homo Deus (l’homme dieu), Harari explore cette mutation. Sa spéculation futuriste repose sur l’idée d’un découplage croissant de l’intelligence et de la conscience. Explication. En tant qu’organismes vivants, nous sommes des sortes de machines traitant de l’information. Mais nous avons créé des réseaux informatiques qui analysent aussi toutes les données disponibles. Or, bientôt, ces traitements de l’information établiront de meilleurs diagnostics de notre situation que les nôtres. Ils pourront nous dire à tout moment ce qui est bon pour notre santé, ce que nous devrions faire, ce qui nous fera plaisir… En ce sens, ces algorithmes, sans devenir conscients, seront de plus en plus intelligents. Nous finirons donc par leur faire confiance et par leur déléguer notre pouvoir de décision. Pour Harari, la liberté a toujours été une illusion. Mais, en tant que telle, elle a été au fondement du projet démocratique et humaniste. Par conséquent, l’abandon de notre autonomie au profit d’une optimisation de nos satisfactions signera la fin de la modernité, d’autant plus que le principe d’égalité ne tiendra plus. Les nouvelles technologies et les progrès médicaux seront en effet réservés à l’élite qui contrôlera le traitement de l’information et ses avancées pour tenter d’atteindre l’immortalité, à l’image des dieux. De manière concomitante, la disparition de nombreux métiers, supplantés par des machines, créera une énorme classe de personnes inutiles économiquement et dominées socialement et intellectuellement. Ayant perdu l’illusion de pouvoir agir sur leur destin, ces citoyens sans identité bien définie chercheront le sens de leur existence dans les algorithmes. Aussi, suggère Harari, le culte de l’individu souverain fera place à celui du traitement des données. Faut-il avoir peur de cette nouvelle religiosité ? Probablement. Son avènement est-il inéluctable ? À discuter. En tout cas, nul doute que cette analyse a du souffle !