L’ORIGINE DES HALLUCINATIONS
Vous présentez les hallucinations auditives comme une production anormale ou pathologique d’un cerveau dit schizophrène ( La Recherche n° 522, p. 53). Or, selon certains spécialistes, elles seraient dues au fait que les personnes entendent leurs propres pensées verbales, mais ne les identifient pas comme telles. Il semble donc étrange de constater une différence concernant le cerveau des personnes victimes d’hallucinations auditives. Comme il existe peu de références au sujet de l’imagerie mentale des personnes dites schizophrènes, comment savoir si les hallucinations ne sont pas plutôt de l’imagerie mentale mal interprétée par le patient ?
Dominique Chetboune Renaud Jardri, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Bien que proches, hallucinations et imagerie mentale ne partagent pas les mêmes mécanismes. Parmi les modèles explicatifs des hallucinations, la théorie cognitive dite de l’erreur d’attribution, selon laquelle une hallucination pourrait être le fruit de l’attribution erronée de nos propres pensées à une source externe, a été l’une des plus prolifiques ces dernières années. Elle se base sur des analyses du comportement, des zones du cerveau impliquées et des connexions entre ces zones. Les hallucinations acoustico-verbales et l’imagerie mentale verbale se produisent en l’absence d’entrée sensorielle. Mais il existe une distinction entre ces deux phénomènes, qui ne semble pas reposer sur les réseaux neuronaux impliqués, mais plutôt sur leur coordination et leur dynamique d’activation dans le temps. Ces différences de connectivité cérébrale paraissent essentielles pour que la personne puisse déterminer si le stimulus vient d’elle-même ou non.