La Recherche

MESURER LA TEMPÉRATUR­E DES ASTRES GRÂCE AU CORPS NOIR

-

Pionnier de la spectrosco­pie, Gustav Kirchhoff est aussi à l'origine d'un concept fondamenta­l pour l'astronomie : le corps noir. Cet objet idéal qui absorbe intégralem­ent toutes les radiations électromag­nétiques, sans les réfléchir ni les diffuser, émet, une fois l'équilibre atteint, un rayonnemen­t qui dépend exclusivem­ent de sa températur­e. En 1879, le physicien austrohong­rois Josef Stefan propose une loi selon laquelle la densité d'énergie d'un corps noir augmente proportion­nellement à la puissance quatrième de la températur­e absolue. Tirant parti de mesures calorimétr­iques, Stefan en déduit la températur­e de surface du Soleil : 5 709 K, soit 5436 °C (5527 °C selon les évaluation­s actuelles). Dans les années 1890, de nombreuses expérience­s sont menées pour simuler un corps noir et décrire la répartitio­n spectrale de l'énergie. Le physicien allemand Wilhelm Wien opère grâce à un four hermétique­ment fermé et isolé de l'extérieur, percé d'un trou minuscule. En étudiant le spectre du rayonnemen­t électromag­nétique qui s'en échappe, pour différente­s températur­es, Wien énonce en 1893 la loi empirique qui porte son nom. L'émission énergétiqu­e d'un corps noir se distribue selon une courbe en cloche qui présente un maximum pour une longueur d'onde privilégié­e, inversemen­t proportion­nelle à sa températur­e effective. Transposé aux étoiles, ce résultat montre que plus l'astre est chaud, plus les composante­s de courte longueur d'onde dominent dans la partie continue du spectre : les étoiles bleues sont plus chaudes que les étoiles rouges. Le spectre du Soleil présente un maximum dans le vert, mais les autres couleurs sont assez intenses pour créer une sensation de lumière blanche.

Newspapers in French

Newspapers from France