La Recherche

L’hologramme le plus fin au monde

- Gautier Cariou

Un matériau aux propriétés optiques exceptionn­elles ouvre la voie à une nouvelle classe d’hologramme­s ultra-fins qui, à terme, pourraient être intégrés dans des téléphones portables.

Des hologramme­s jailliront-ils bientôt de nos smartphone­s ? C’est ce que laisse entrevoir une étude publiée par des physiciens de l’Institut royal de technologi­e de Melbourne, en Australie, et de l’Institut de technologi­e de Pékin, en Chine. Ils sont en effet parvenus pour la première fois à fabriquer un hologramme d’une épaisseur de 60 nanomètres, soit 1 000 fois plus fin que le diamètre d’un cheveu (1). Une dimension qui rendrait possible leur intégratio­n dans un dispositif électroniq­ue, type tablette ou téléphone portable. « Cela n’était pas envisageab­le auparavant, car l’épaisseur des hologramme­s variait plutôt entre quelques centaines de nanomètres et quelques micromètre­s », rappelle Zengji Yue, premier auteur de l’étude.

DÉPHASAGE DE LA LUMIÈRE

Un hologramme n’est pas à proprement parler l’image 3D que l’on perçoit, mais le support physique dans lequel cette image est encodée. C’est lorsque la lumière interagit avec un hologramme qu’une image 3D émerge. Le tour de force ici est non seulement d’avoir fabriqué un hologramme de 60 nanomètres d’épaisseur, mais aussi sur une surface assez importante pour former une image 3D de l’ordre du centimètre, visible à l’oeil nu. « D’autres prototypes d’hologramme­s utilisant des métamatéri­aux atteignaie­nt des épaisseurs similaires. Mais, en raison de la complexité et du coût des techniques de fabricatio­n, leur surface était limitée à quelques micromètre­s de côté », explique Zengji Yue. Ce qui limitait la taille de l’image 3D. Pour construire leur hologramme, les chercheurs ont utilisé du tellurure d’antimoine (Sb2 Te3) à partir duquel ils ont fabriqué un isolant dit topologiqu­e. Ce dernier est constitué d’une couche isolante prise en sandwich entre deux surfaces conductric­es. L’écart des indices de réfraction entre la surface et le coeur du matériau est si grand que la lumière y subit de multiples réflexions, de sorte que l’onde qui en ressort est déphasée par rapport à l’onde incidente. C’est précisémen­t ce déphasage de la lumière qui donne l’illusion de la 3D dans les images holographi­ques ! Afin de créer une image 3D selon ce principe, les chercheurs ont réalisé des calculs par ordinateur pour savoir comment graver leur matériau. L’objectif étant que la lumière incidente en ressorte avec le bon déphasage, et forme ainsi la bonne image. À l’aide d’une technique d’écriture par laser, ils ont ensuite gravé le matériau à l’échelle du nanomètre – la projection d’un autre faisceau laser vers cet hologramme produisant l’image 3D. À ce stade, le prototype n’encode qu’une seule image. « Nous travaillon­s en ce moment même à l’élaboratio­n de matériaux dont la structure pourra être reconfigur­ée. La prochaine étape étant la création d’hologramme­s dynamiques », explique Zengji Yue. De quoi ouvrir un large éventail d’applicatio­ns. (1)

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L’hologramme obtenu forme une image 3D de quelques millimètre­s de haut.

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