La Recherche

Premiers atlas des liaisons entre neurones

Identifier les réseaux de neurones est une prouesse. Grâce aux progrès des techniques d’imagerie, les équipes de NeuroSpin visualiser­ont au dixième de millimètre le moindre embranchem­ent des autoroutes de l’informatio­n qui sillonnent notre cerveau. Des te

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Ces dix dernières années, les explorateu­rs du cerveau humain sont parvenus à une avancée considérab­le. De cet organe resté longtemps une terre inconnue, ils ont visualisé les grands réseaux de connexions. À tel point qu’ils ambitionne­nt de parvenir bientôt à en fournir une descriptio­n précise et globale. Les neuroscien­tifiques nomment ce réseau le « connectome », terme utilisé pour la première fois en 2005 par Olaf Sporns, responsabl­e du laboratoir­e de neuroscien­ces computatio­nnelles et cognitives, à l’université de l’Indiana, à Bloomingto­n, aux États-Unis (1). Il faisait alors référence au mot « génome » et à la prouesse des généticien­s qui ont réalisé, en 2003, le premier séquençage complet du génome humain. Comme ce fut le cas pour l’ADN, cartograph­ier les réseaux du cerveau humain est un immense défi. Le cerveau d’un j eune adulte contiendra­it au moins plusieurs dizaines de milliards de neurones (2). Ces cellules spécialisé­es se transmette­nt des signaux électrochi­miques, grâce à un fin et unique prolongeme­nt de leur corps cellulaire, l’axone. Celui-ci se connecte à d’autres neurones au niveau des synapses grâce à des interactio­ns moléculair­es (lire p. 43). Entourés d’une couche graisseuse – la myéline –, les axones se regroupent en faisceaux et forment la substance blanche. L’ensemble constitue un réseau général d’une immense complexité. Imaginez: on estime qu’un neurone peut avoir plus de 10 000 connexions. Comment se repérer dans cet écheveau de fibres ? Comment déterminer les régions du cerveau qui s’activent, et leurs connexions, lorsqu’une personne bouge, parle, apprend ? Pendant longtemps, les recherches ont porté sur la descriptio­n biologique de cerveaux récupérés après le décès, parfois corrélée à la descriptio­n de symptômes pathologiq­ues. C’est ainsi qu’ont émergé les travaux fondateurs de neuroanato­mistes tels que l’Allemand Korbinian Brodmann qui a défini, en 1909, cinquante-deux aires cérébrales différente­s à partir de coupes histologiq­ues d’un cerveau, observant et analysant le nombre de couches cellulaire­s, la taille des neurones et leur densité. Mais cette carte ne permettait pas d’appréhende­r comment ces neurones connectés pouvaient assurer des fonctions cérébrales particuliè­res.

Molécules d’eau

Ce n’est qu’à partir de la fin du XXe siècle que des progrès majeurs dans le domaine de l’imagerie médicale ont permis aux scientifiq­ues de relever ce fantastiqu­e défi. C’est l’imagerie par résonance magnétique (IRM) qui s’est imposée comme l’outil essentiel

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