LA CATASTROPHIQUE DÉCOUVERTE DU GISEMENT DE JEBEL IRHOUD
L’endroit se situe à une centaine de kilomètres à l’ouest de Marrakech, entre la ville et l’océan Atlantique. Près du village marocain de Tlet Irhoud, Jebel Irhoud est une petite montagne calcaire en forme de carène de bateau renversée, qui renferme tout un réseau de karsts et cavités. C’est l’un de ces espaces qui a été habité il y a 300 000 ans par des Homo sapiens primitifs. Il s’agissait à l’époque d’un aven ouvert sur le ciel, ou d’une grotte accessible par une ouverture à flanc de colline. Depuis, les dépôts successifs de sédiments se sont accumulés et l’ont rempli. Dans les années 1950, une compagnie minière exploite le massif de Jebel Irhoud pour la barytine. En 1961, une nouvelle galerie de mine perce la cavité, dont on ignorait l’existence. Elle s’effondre et son contenu se déverse dans la galerie, provoquant un sérieux accident et endommageant le gisement. Dans les sédiments rougeâtres qui obstruent le tunnel, les ouvriers repèrent des ossements, notamment un crâne humain, qu’ils remettent au médecin chef de la mine. Ce dernier le conservera chez lui dans une boîte remplie de paille, jusqu’à ce qu’un professeur de Rabat, Emile Ennouchi, vienne l’examiner. Au cours d’une première série de fouilles, Ennouchi extrait plusieurs fossiles du site, sans compte rendu scientifique rigoureux. Il publie la première étude sur Jebel Irhoud en 1962 (1). En 1967 et 1969, Jacques Tixier et Roger de Bayle des Hermens, deux archéologues français, étudient à leur tour le site. Pour autant, l’exploitation continue de la mine jusque dans les années 1980 a rendu très délicate la tenue de fouilles ultérieures. Il faudra attendre 2004 pour que l’équipe de JeanJacques Hublin et de Abdelouahed Ben-Ncer puisse entreprendre de nouveaux travaux de recherche. (1) E. Ennouchi, Comptes rendus de l’Académie des sciences, 254, 4330, 1962.