COURRIER
Une réponse à la question d’un lecteur nous explique que « les travaux de Lyssenko n’ont montré aucune transmission de caractères acquis » ( La Recherche n° 522, p. 14). Pourtant, ces travaux montraient précisément qu’il existe, en particulier chez les végétaux, des mécanismes capables de t ra n s me t t re des acquis tant que le stress imposé aux parents s’impose aussi aux descendants. Ne s’agit-il pas là des modalités que décrit l’épigénétique ?
Vincent Colot, généticien Lorsqu’un stress s’impose à chaque génération, il peut se produire une simple réponse récurrente des organismes concernés, que l’on appelle la plasticité phénotypique. Celle-ci n’implique aucune transmission du caractère acquis. En l’absence de stress, les descendants n’auront pas ce caractère. C’est ainsi que fonctionne la vernalisation, étudiée par Lyssenko. Mais une réponse au stress peut aussi augmenter ou diminuer sur une ou plusieurs générations. On parle alors de plasticité phénotypique transgénérationnelle. Cette dernière indique une transmission d’acquis : les descendants seront dotés du caractère concerné, parfois même en l’absence de stress. Cet héritage n’implique vraisemblablement pas une mutation aléatoire de l’ADN. De ce point de vue, il peut donc être qualifié d’épigénétique. Mais Lyssenko n’a jamais mis cela en évidence. Dans les deux cas, les mécanismes moléculaires à l’oeuvre restent à déterminer.