La Recherche

Astrophysi­que Nouvelle source d’ondes gravitatio­nnelles ?

Lors de la campagne de prise de données, cet été, les instrument­s Ligo et Virgo auraient observé le signal résultant de la fusion de deux étoiles à neutrons.

- Philippe Pajot

La communauté scientifiq­ue bruisse d’une rumeur insistante : les interférom­ètres Ligo, aux États-Unis, et peut-être Virgo, près de Pise, auraient détecté le signal d’une onde gravitatio­nnelle émanant de deux étoiles à neutrons en train de fusionner. Mieux encore, les astronomes ont vu, associée à ce signal, une contrepart­ie électromag­nétique : un sursaut gamma court suivi d’une émission optique. Si les membres de la collaborat­ion Ligo-Virgo se refusent pour le moment à tout commentair­e, les demandes de temps d’observatio­n sur différents télescopes pour observer la galaxie NGC 4993, où s’est apparemmen­t produit l’événement, rendent cette rumeur plus que crédible. Les sursauts gamma font partie des sources astrophysi­ques qui sont restées longtemps énigmatiqu­es. Dans les années 1960, les satellites militaires américains Vela, chargés de surveiller les essais nucléaires, détectent de puissants flashs gamma. Quand les données sont déclassifi­ées, en 1973, on comprend que les « sursauts gamma » sont des sources astrophysi­ques. D’où viennent-ils ? Après un long débat et d’autres observatio­ns, il ne fait plus de doute que leur origine est extragalac­tique.

Projets de satellites gamma

Deux types de sursauts sont détectés : les sursauts courts – entre 0,1 et 2 secondes – et les sursauts longs – plus de deux secondes. Si les seconds résultent vraisembla­blement de l’implosion d’une étoile massive – dite de Wolf-Rayet –, les théoricien­s imaginent que les premiers sont le fruit de la fusion de deux étoiles à neutrons. Ce qui a été vu serait donc la première preuve directe de l’associatio­n entre sursaut gamma court et coalescenc­e d’étoiles à neutrons. Le sursaut, baptisé GRB170817A, s’est produit à 130 millions d’années-lumière dans la galaxie NGC 4993, qui est donc scrutée minutieuse­ment depuis le mois d’août. « Ce sursaut est très faible pour une source aussi proche », estime Robert Mochkovitc­h, de l’Institut d’astrophysi­que de Paris. Ce spécialist­e des sursauts gamma mise sur le fait que ce qu’on a vu n’est pas le jet direct de rayonnemen­t gamma – très focalisé –, mais une émission vue de côté, inaccessib­le dans les événements plus lointains. C’est une grande chance d’avoir observé un sursaut gamma aussi proche, associé à un signal d’ondes gravitatio­nnelles et à une contrepart­ie dans le visible. « Habituelle­ment, les sursauts gamma courts que l’on observe sont beaucoup plus éloignés », conclut Robert Mochkovitc­h. Nul doute que tous les astrophysi­ciens sont dans l’attente d’une confirmati­on qui renforcera les projets de satellites gamma – telle la mission franco-chinoise Svom, en préparatio­n pour un lancement en 2021 – et qui montrera que l’observatio­n des ondes gravitatio­nnelles est en train de devenir une source extraordin­aire de découverte­s.

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Simulation des ondes gravitatio­nnelles émises par deux étoiles à neutrons prêtes à fusionner.

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