Trois fois plus d’orages au Sahel
Les orages au Sahel sont parmi les plus puissants de la planète. Entre 1982 et 2016, les précipitations intenses sont devenues trois fois plus fréquentes dans la région du Sahel ouest-africain (1). Et cette hausse est imputable, au moins en partie, au changement climatique. Cette conclusion ne provient pas directement d’une simulation. Comme tout ce qui touche aux précipitations, les orages sahéliens sont encore mal représentés par les modèles. « Ils résultent de phénomènes convectifs, qui se développent à une trop petite échelle pour être représentés dans les modèles d’atmosphère globaux », explique Théo Vischel, à l’Institut des géosciences de l’environnement, à Grenoble. Avec ses collaborateurs, il a donc compilé trente-cinq ans d’observations satellites au-dessus du Sahel ouest-africain, du Sénégal au Niger, et les a croisées avec les données de précipitations recueillies sur place. Dans ces régions, 99 % des précipitations se produisent pendant la mousson, de juin à septembre. Les chercheurs ont observé que les totaux quotidiens des précipitations extrêmes avaient beaucoup augmenté. Mais ils ont aussi noté que le déclenchement des orages dépendait essentiellement des différences de températures de surface de part et d’autre de la bande sahélienne. Pour l’équipe, c’est donc le réchauffement du désert du Sahara, directement lié au changement climatique, qui provoque des modifications dans la circulation de l’air et favorise l’apparition des orages dans une frange bordant le sud du désert. Les modèles climatiques prévoyant un réchauffement continu du Sahara au cours du XXIe siècle, il est probable que les précipitations intenses vont continuer à se renforcer. Les inondations qui ont touché la Sierra Leone, le Niger et le Nigeria en août dernier devraient se reproduire. De plus en plus souvent… (1) C. M. Taylor et al., Nature, 544, 475, 2017.