La Recherche

Neuroscien­ces L’anatomie du cerveau influence les capacités de lecture

- Oriane Dioux

L’apprentiss­age de la lecture modèle le cerveau. Mais de nouveaux travaux révèlent que l’anatomie du cerveau joue aussi un rôle sur cette aptitude.

App rendre à lire modifie l’anatomie du cerveau. Mais l’inverse se vérifie-t-il ? Les particular­ités anatomique­s de notre cerveau ont-elles une influence sur l’apprentiss­age de la lecture ? C’est la question que s’est posée l’équipe d’Arnaud Cachia et Grégoire Borst, professeur­s à l’université Paris-Descartes et chercheurs au LaPsyDÉ (CNRS). Pour y répondre, lesn euroscient­ifiques, en collaborat­ion avec Stanislas Dehaene, du centre Neurospin de ParisSacla­y, se sont concentrés sur un plissement particulie­r du cortex cérébral formé avant la naissance, le sillon occipito-temporal. Ce sillon, qui traverse l’aire visuelle des mots – appelée ainsi car elle s’active lors de la présentati­on visuelle de mots – se retrouve sous deux formes dans la population : une forme continue et une forme interrompu­e. Afin de déterminer si l’une ou l’autre est associée à de plus grandes capacités de lecture, l’équipe a réuni un groupe de 62 adultes auxquels elle a fait passer un test consistant à lire à voix haute une série de mots en un temps limité.

Aire visuelle des mots

Ces résultats ont ensuite été croisés avec les données de l’anatomie corticale des participan­ts obtenue à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Ils révèlent que la présence d’un sillon interrompu est en moyenne associée à une plus grande facilité à décoder les mots, à condition que cette interrupti­on se situe dans la partie postérieur­e du sillon, précisémen­t là où se trouve l’aire visuelle des mots (1). En outre, plus cette interrupti­on est grande, meilleures sont les performanc­es de lecture. « Comme les sillons sont des “vallées” du relief cortical, une interrupti­on traduit en réalité la présence de cortex cérébral à cet endroit, ce qui laisse probableme­nt plus de place aux faisceaux de matière blanche pour connecter l’aire visuelle des mots avec d’autres régions cérébrales impliquées dans la lecture » , suppose Arnaud Cachia pour expliquer ces résultats. « C’est une nouvelle façon de penser l’apprentiss­age de la lecture, s’enthousias­me Laurie Glezer, de l’université d’État de San Diego, aux États-Unis. Une nouvelle question qu’il serait intéressan­t d’étudier est de savoir si les personnes qui apprennent à lire répondent plus ou moins bien à différente­s méthodes de lecture (syllabique ou globale, par exemple) en fonction de l’anatomie de leur relief cortical. » Or justement, c’est la prochaine étape prévue par Arnaud Cachia et Grégoire Borst ! (1)

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En bleu, bleu le l sillon occipito-temporal. L’interrupti­on postérieur­e, stérieure à gauche, est associée à une plus grande facilité à décoder les mots. À droite, le même sillon, mais sous la forme continue.

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