La Recherche

Astrophysi­que Ces particules cosmiques extragalac­tiques

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Le rayonnemen­t cosmique à très haute énergie vient d’au-delà de notre Galaxie. Une collaborat­ion internatio­nale l’a démontré tout récemment, après dix ans de mesures avec l’immense observatoi­re Pierre-Auger, installé en Argentine.

Les scientifiq­ues en étaient persuadés. Mais c’est la première fois qu’ils parviennen­t à le démontrer : contrairem­ent aux rayons cosmiques de basse énergie qui arrivent du Soleil et de notre Galaxie, les particules à haute énergie qui arrosent la Terre sont d’origine extragalac­tique. La collaborat­ion internatio­nale PierreAuge­r, qui regroupe plus de 400 chercheurs de dixhuit pays, a annoncé, le 22 septembre dans Science (1), le résultat des observatio­ns de l’observatoi­re éponyme, installé sur les contrefort­s de la cordillère des Andes argentine. Pas moins de 30 000 événements – autant de rayons cosmiques qui sont parvenus aux portes de l’atmosphère – ont été étudiés : leur origine pointe bien au-delà de la Voie lactée. « On pense qu’ils pourraient provenir de galaxies situées jusqu’à une distance de 100 millions d’années-lumière , explique Olivier Deligny, de l’Institut de physique nucléaire d’Orsay, le principal auteur des travaux publiés dans Science. Mais on ne peut pas expliquer comment ces particules ont pu être accélérées à ce point. » Les mystérieux accélérate­urs de particules du cosmos sont en effet un million de fois plus puissants que les machines construite­s par les humains, comme le grand collisionn­eur de hadrons de Genève (LHC). Reste à savoir où ils se cachent. « Le rayonnemen­t cosmique est un flux de particules chargées, rappelle Antoine LetessierS­elvon, du laboratoir­e de physique nucléaire et de hautes énergies de Paris, coauteur de l’étude. Ce sont pour beaucoup des protons, mais il y a aussi toutes sortes de noyaux d’atomes, légers ou lourds. » Leur énergie peut atteindre, voire dépasser, 1020 électron-volts – soit 100 exaélectro­ns-volts (EeV ) –, l’équivalent de l’énergie cinétique d’une bille d’enfant projetée à près de 300 km/h mais concentrée dans des particules dont la masse est au moins 100 milliards de milliards de fois plus petite ! En 1938, le Français Pierre Auger avait décrit le point d’orgue terrestre de ces particules, ouvrant la porte à leur mesure : lors de collisions avec les molécules de l’atmosphère, elles disparaiss­ent au cours d’une série de processus nucléaires qui façonnent une véritable cascade d’autres particules. L’intensité de cette gerbe culmine à une altitude qui dépend de l’énergie initiale de la particule. C’est pour cela que les astrophysi­ciens ont choisi un

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