Adolescentes et jihadistes
Àla suite des attentats de novembre 2015, le président du CNRS Alain Fuchs avait lancé un appel aux chercheurs. Nous nous étions interrogés sur cette initiative (lire La Recherche n° 509, p. 79). Depuis, les travaux « sur tous les sujets pouvant relever des questions posées à nos sociétés par les attentats », notamment ceux en sciences humaines, trouvent plus de visibilité. Ils révèlent un phénomène nouveau : les mutations de la violence terroriste. L’ouvrage de Farhad Khosrokhavar et Fethi Benslama, et celui de Jean-François Gayraud (dont nous publions en exclusivité des extraits), en décryptent deux aspects saillants : l’irruption massive des (jeunes) femmes dans les mouvements terroristes d’une part, les convergences croissantes entre groupes terroristes et crime organisé d’autre part. À l’image de ces livres, ceux de Fabien Truong (sur la radicalisation de jeunes des cités), de Nicolas Hénin (sur le phénomène global du terrorisme) et d’Olivier Houdé (sur l’endoctrinement) offrent des clés, et même de potentiels outils pour agir. L’appel d’Alain Fuchs se voulait une passerelle entre scientifiques et politiques. Visiblement, le monde de la recherche ne manque pas d’idées. Dommage que les autorités ne s’en emparent pas plus pour alimenter les politiques publiques.