Les primates et les hommes
Nous partageons certains comportements sociaux avec les sociétés de primates. Mais nous possédons aussi quelques traits spécifiques : système de reproduction fondé sur la monogamie, parenté dans les rapports sociaux et force des liens entre groupes. Ces phénomènes ont des fondements biologiques et définissent la « structure profonde » des sociétés humaines.
La diversité des sociétés humaines est spectaculaire. Elle s’étend des bandes de chasseurs-cueilleurs aux gigantesques sociétés étatiques, en passant par les communautés de pasteurs nomades. L’hétérogénéité est telle qu’il ne semble pas y avoir de système social typiquement humain. Pourtant, les sociétés humaines partagent un ensemble de traits universels qui leur est propre et les distingue des autres sociétés animales ; il existe un système social de type humain, au même titre qu’il en existe un de type chimpanzé et un autre de type gorille. À la différence de ceux-ci, le système social humain est profondément enfoui et dissimulé sous la multitude des formes culturelles qu’il revêt. La seule façon de le mettre au jour est de comparer les sociétés humaines aux sociétés de primates, sur la base des critères qu’utilisent les primatologues pour classifier les systèmes sociaux : la composition des groupes selon le sexe, la nature des unions reproductrices, les modes de résidence et de dispersion des individus, la structure généalogique des groupes et la nature des relations entre eux. La structure profonde de la société humaine se révèle alors être un amalgame original de traits ayant diverses origines phylogénétiques, certains d’entre eux étant présents chez de nombreux primates, donc très anciens,