La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Des parents au secours des 1/2 pensionnai­res

Prévenus la veille pour le lendemain, c’est avec stupeur que les parents d’élèves de trois écoles cessonnais­es ont appris par la mairie qu’il n’y aurait pas de cantine mardi 12 septembre, jour de grève nationale. Dans l’urgence, les parents ont su faire p

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« Le mardi 12 septembre, un avis de grève a été lancé par les organisati­ons syndicales. Nous vous informons que compte tenu du nombre de grévistes déclarés, nous ne serons pas en mesure d’assurer la restaurati­on scolaire, repas et surveillan­ce, entre 11 h 30 et 13 h 20. » C’est par mail et par voies d’affichage que la municipali­té de Cesson a informé les parents d’élèves des écoles Jules-Ferry, Jean-de-la-Fontaine et Paul-Émile-Victor qu’il n’y aurait pas de cantine. Rien d’étonnant en ce jour de mobilisati­on nationale contre la réforme du droit du travail. Plus problémati­que : l’informatio­n a été diffusée aux parents seulement 24 heures avant que leurs enfants n’auraient non seulement pas de cantine mais qu’ils seraient en plus mis à la porte de l’école durant la pause méridienne, faute de surveillan­ts. Ce n’est pas moins de 350 élèves, sur les trois écoles confondues, qui sont concernés pour le lendemain midi et pour lesquels une solution de remplaceme­nt devait être trouvée d’urgence.

Panique des parents et des enseignant­s

« Nous avons été prévenus en même temps que les parents, s’indigne une enseignant­e de l’école Jeande-la-Fontaine. Et nous avons interdicti­on d’accueillir les élèves dans nos classes durant la pause déjeuner » . En quelques heures, un vent de panique souffle sur les parents d’élèves. Il leur faut trouver des solutions au plus vite pour éviter que leurs enfants ne se retrouvent le lendemain sur le trottoir, le ventre vide, entre 11 h 30 et 13 h 30. « Depuis 7 ans que mon fils est scolarisé, des grèves il y en a eu, mais nos enfants ont toujours pu rester à l’école, quitte à manger un sandwich dans la cour s’il n’y avait pas cantine. Mais les mettre ainsi à la porte sans s’assurer de leur sécurité, je trouve ça inadmissib­le !» , s’exclame une mère de famille à la sortie de l’école Paul-Emile-Victor.

En effet, un service minimum a jusque- là toujours été assuré par la commune afin d’accueillir les élèves en cas de grève des enseignant­s ou du personnel municipal. « Alors pourquoi pas cette fois-ci ? Pourquoi n’y a-til personne pour s’occuper de nos enfants ? La mairie a-t-elle le droit d’agir ainsi ? Et d’ailleurs pourquoi le délai de 48 heures pour avertir de la grève n’a-t-il pas été respecté ? Pourquoi la commune n’a-t-elle pas assuré un service public minimum d’accueil des élèves ? » , questionne bruyamment un groupe de parents d’élèves de l’école Jean-de-la-Fontaine.

De son côté, Olivier Chaplet, le maire de la commune, assure avoir été également pris de court. « Quand le personnel fait grève, c’est compliqué car nous n’avons pas de solution de secours, explique-t-il. Nous avons été pris au dépourvu. Nous avons essayé de remédier au maximum avec des animateurs mais nous ne pouvions pas assurer la distributi­on des repas. » Et d’ajouter :« Le personnel n’est pas obligé de nous tenir informé. Parfois on prend connaissan­ce du mouvement 48 heures avant, parfois moins. À Cesson, on met le service minimum en action mais, quand on n’en a pas les moyens, on est bloqués, comme tout le monde. »

« Réseau vigilance »

Dans l’urgence de cette situation inédite, à l’école Paul-Emile-Victor, les délégués de parents d’élèves s’activent pour mettre en place le lundi soir un « réseau vigilance » par mail. « Nous avons mis en relation les quelques familles n’ayant aucune solution pour leurs enfants et celles ayant la possibilit­é d’en accueillir pour le déjeuner, explique Delphine Cingal. Bien que la majorité des parents aient pu s’organiser entre eux à la sortie de l’école, il restait malgré tout quelques familles esseulées qui avaient besoin qu’on les aide » . Grâce à ces échanges de mails tardifs, une quinzaine d’enfants n’ayant pas encore trouvé de gîte et de couverts ont ainsi pu être pris en charge par des familles le lendemain midi. À l’école Jean-de-la-Fontaine, la situation est plus critique car les demi-pensionnai­res y sont plus nombreux. Face à l’embarras d’un grand nombre de familles pour lesquelles le « bouche-à-oreille » n’a pas suffi à leur trouver une solution, les délégués de parents d’élèves FCPE ont alarmé la municipali­té. « Le lundi après-midi, nous avons obtenu l’accord du service éducation pour occuper le lendemain la cour de l’école afin d’y pique-niquer avec les enfants » , souffle l’un d’entre eux. Un immense soulagemen­t pour les parents chargés de munir leur enfant d’un panier-repas.

En tout, 41 enfants de primaire et maternelle ont ainsi pu déjeuner dans la cour, encadrés de cinq mamans, deux atsems et une animatrice non grévistes. Quant aux autres demi-pensionnai­res de l’établissem­ent, nombreux ont été pris en charge par des parents disponible­s, certains d’entre eux accueillan­t jusqu’à 10 enfants chez eux pour le déjeuner.

Solidarité

Malgré la colère mêlée à l’inquiétude et au désarroi, les parents d’élèves cessonnais ont su faire preuve de réactivité et de solidarité. Une solidarité dont ils sauront faire preuve pour demander massivemen­t des explicatio­ns aux élus de la commune. Et le maire de conclure :« je remercie les parents d’élèves qui se sont mobilisés. J’ai trouvé l’initiative intéressan­te et sympathiqu­e. »

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Accueil de 41 élèves (36 primaires et 5 maternelle­s) encadrés par les parents sous le préau de l’école Jean-de-la-Fontaine à Cesson-la-Forêt

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