La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Centre-ville. Le défi du numérique

La désertific­ation des centres-villes progresse partout dans les villes moyennes. En Seine-et-Marne, la Chambre de Commerce et d’Industrie insiste sur le virage digital à opérer pour les commerçant­s.

- Nicolas FILLON Nicolas_Fillon

« Alarmante » .

Voilà comment l’associatio­n Centre- Ville en Mouvement, composée de plusieurs centaines de maires, députés et sénateurs, a qualifié le 7 septembre la situation des « villes moyennes » et des « centres-bourgs » dans l’Hexagone.

La raison ? La « dévita

lisation » , voire la « déser

tification » progressiv­e des centres-villes, dont le collectif demande à Emmanuel Macron qu’ils soient déclarés « Grande cause nationale 2018 » . Un constat corroboré par les données de l’Institut pour la Ville et le Commerce qui, dans

une étude datée de mai dernier, s’est penché sur la « progres

sion récente » du taux de la vacance commercial­e « dans le coeur marchand des villes

françaises » . Ce pourcentag­e, qui indique la proportion de locaux commerciau­x à l’abandon par rapport à la totalité des commerces d’une commune, se chiffre à 12,1 % en 2016 dans les centres-bourgs des petites villes, celles de moins de 50 000 habitants et même des petites villes moyennes moins de 100 000 habitants (respective­ment 8 % et 8,6 % en 2013), qui sont « les plus affectés par le phénomène » .

Transition digitale

La Seine- et- Marne est- elle épargnée ? Pour Corinne Retaud-Bianchini, directrice commerce et tourisme à la Chambre de Commerce et d’Industrie 77, difficile de faire des généralité­s et de répondre de façon globale à l’échelle du départemen­t. « C’est impossible de dire que le commerce de centre-ville se porte bien ou qu’il est en état de catastroph­e car chaque commune de Seine-et-Marne est un cas particulie­r, détaille

t-elle. Bien sûr que le taux de vacance a tendance à augmenter. Mais il faut savoir que le commerce en général connaît une forte mutation.

Le consommate­ur est devenu multi-canal. Il va de plus en plus faire ses courses dans des drives, des discounter­s, et sur Internet. »

Et d’ajouter : « Pour relever le défi, les commerces doivent gagner en accessibil­ité et en visibilité, surtout via le numérique, sur lequel nous insistons beaucoup. Ce défi est primordial. À la CCI, nous élaborons avec les villes et leurs associatio­ns de commerçant­s, sédentaire­s ou non, un partenaria­t solide pour notamment les accompagne­r, à travers différents stages, ateliers et formations, vers la transition digitale. »

Les marchés en danger ?

Son collègue, Antoine Carducci, chargé de mission commerce et tourisme, va égale

ment dans ce sens : « La donne a changé avec Internet. Les commerces de centre- ville souffrent, notamment parce qu’ils ne se sont pas encore bien adaptés au numérique. Le commerçant, trop souvent, attend que son client vienne à lui, au lieu d’utiliser les nouveaux outils qui lui permettron­t de se référencer comme il se doit afin de sortir de leur giron communal, pour être représenté au mieux au niveau territoria­l. »

Ne pas oublier non plus, insiste Antoine Carducci, la situation des marchés en

centre-ville. « Ils ont vraiment du mal à tirer leur épingle du jeu à cause des modes de consommati­ons qui ont changé, explique-t-il. Ce sont peut-être eux qui pâtissent le plus du virage digital qui s’est opéré. Avec Internet, on achète régulièrem­ent, et plus vite. Et sur la Seine-etMarne, les communes ont de plus en plus de difficulté­s à réimplante­r leurs marchés, ou tout simplement à les maintenir. »

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