La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)
SEINE-ET-MARNE. La Chine met un veto sur le brie
Invoquant des raisons sanitaires, les douanes chinoises ont récemment interdit l’entrée sur leur territoire de plusieurs fromages, dont le brie. Mais pour différents producteurs, cette mesure n’est pas inquiétante, vu la quantité des exportations.
Le camembert, le roquefort ou encore le brie sont désormais
sur le territoire chinois. Des fromages au lait cru - et pour la plupart à pâte molle - sont désormais interdits à l’importation après une décision des autorités sanitaires chinoises. Un renforcement des normes qui concerne de nombreux fromages et pas seulement français.
Pas de gros volumes
Pour Samuel Lepicart, artisan-
affineur au sein de la société Loiseau (à Achères-la-Forêt) et fromager à Melun cette décision touche différemment les différentes appellations. « Pour le brie de Melun, cela ne concerne pas un gros volume de fromages, c’est surtout le brie de Meaux qui est le plus concerné » , explique celui qui est par ailleurs vice- président de l’organisme de défense, de contrôle et de gestion des appellations d’origine. « Le marché
chinois est très limité car ils ne mangent pas beaucoup de fromage, en dehors des grandes agglomérations comme Pékin et Shangaï où le fromage est servi dans les grands restaurants où les boutiques spécialisées » , poursuit Samuel Lepicart. Mais pour lui, la décision est plus politique que sanitaire. « Bien sûr que nos fromages contiennent des bactéries nécessaires à leur fabrication du fromage, mais les Chinois le découvent seulement maintenant ?, interroge cet affineur. Ils importent des fromages européens depuis des décennies alors je pense que cette décision est surtout une manière de fabriquer leurs fromages. »
Prix du lait
Même constat pour Philippe Bobin, directeur général de la Société fromagère de la Brie. « Les exportations sont très faibles et sont réalisées par des intermédiaires, explique-til. Depuis le début de l’année cela doit représenter une centaine de kilos. » Mais pour lui, l’inquiétude vient d’un autre facteur : « une hausse du prix du lait. »
Pour Samuel Lepicart, la Chine veut faire comme les Etats-Unis : « Ils refusent nos fromages au lait cru mais fabriquent les leurs, contrairement par exemple au Japon qui n’hésite pas à acheter des fromages français comme le Brie. »
En février dernier, Fabien Degoulet était venu en Seine-etMarne pour découvrir les spécificités du brie. Meilleur fromager du monde en 2015, il travaille désormais pour une société au Japon de plus en plus demandeur en brie seine-et-marnais.