La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)
13 classes fermées à la rentrée sur le canton
La rentrée des classes 2018 risque d’être mouvementée pour quelques communes du canton de Provins. En cause, la volonté de l’inspection académique de fermer 13 classes. Une volonté motivée par la baisse des effectifs selon elle.
Certains élus du canton de Provins se grattent la tête. Chalautre-la-Grande, Gouaix, Gurcy-le-Châtel, Hermé, Maison-Rouge, Melz-sur-Seine, Mousseauxles-Bray, Mouy-sur-Seine ou Sourdun vont devoir composer leur vie scolaire avec une classe en moins à la rentrée 2018.
Une situation incompréhensible pour Olivier Lavenka, conseiller départemental du canton de Provins qui monte au créneau : « On nous annonce 13 fermetures de classes sur 82 communes. C’est considérable. Je pousse un cri d’alarme. » Une alerte qu’il appuie en rappelant les promesses d’Emmanuel Macron le 17 juillet dernier lors de la conférence nationale des territoires :
« Les territoires ruraux ne peuvent plus être la variable d’ajustement. Il n’y aura plus aucune fermeture de classes dans les écoles rurales. »
Mettant en avant la différence entre les mots et les actes. « Il y a un effet d’annonce. Ce que l’on voit actuellement, on ne l’a jamais vécu. Il faut que l’on se mobilise. On ne peut pas mettre en péril le fonctionnement de nos communes » , s’insurge le conseiller départemental qui ne comprend pas la politique à deux vitesses :
« On m’annonce sur ma commune de Provins deux ouvertures de classes avec les classes de CP dédoublés et cela se fait au détriment des communes rurales. Je demande que la copie soit revue » , insiste Olivier Lavenka.
« Dans les zones sensibles il va y avoir 12 enfants par CP mais en zone rurale on aura 30 enfants par classe » s’indigne Jean-Pierre Bourlet, maire d’Hermé.
La particularité du RPI Hermé-Melz
L’effet d’annonce passé, les maires doivent se mobiliser pour trouver une solution et sauver si possible leur classe. Pour le Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) d’Hermé-Melz-surSeine, la situation est très particulière avec trois classes à Hermé et deux à Melz-sur-Seine. Les pieds dans l’eau avec la crue, il doit aussi se mobiliser pour sauver sa classe.
« Actuellement nous avons 102 enfants entre la très petite section et le CM2. Pour la rentrée, les projections nous donnent 99 enfants. Si nous avons une fermeture de classe, elle ne pourra se faire qu’à Hermé car on ne veut pas laisser une institutrice seule à Melz » , prévient l’élu qui s’inquiète de voir ses deux classes se retrouver isolées. « On va devoir fermer une classe alors que nous avons prévu pour celle-ci des travaux avec l’accord de l’Etat à hauteur de 42 000 € hors taxes. Les appels d’offres ont été lancés, les entreprises retenues car les travaux doivent se faire durant les vacances d’été » , précise l’élu.
Une fermeture de classe qui pourrait aussi entraîner une perte d’enfants : « Jusqu’à présent, j’accueille les moins de trois ans. Si je ferme une classe, je ne pourrai plus les accepter. Pour cette rentrée, cela représente quatre enfants. Je rappelle que les très petites sections sont la volonté du gouvernement. »
« On ira bloquer le pont de Bray »
A Mouy-sur-Seine, le maire Gérard Carasco, craint la fermeture de la seule classe dont dispose la commune, en RPI avec Mousseaux-les-Bray. « C’est la vie de notre village qui est en jeu. On a fait une cantine, l’école a obtenu un diplôme pour l’aménagement d’une mare pédagogique » , explique l’élu qui précise : « Notre PLU va bientôt être applicable et nous allons avoir des terrains constructibles » , des terrains susceptibles d’accueillir des familles avec enfants pour compléter les effectifs des classes ». Pour Bernard Deretz, maire de Mousseauxles-Bray, cette fermeture peut se comprendre avec une baisse des effectifs sur cinq ans de 117 à 95 élèves mais il prévient :
« J’insiste auprès de l’inspectrice sur le fait que nous allons avoir de nouvelles constructions » , là encore de futurs élèves potentiels. A cela s’ajoute la possibilité d’accueillir des élèves venant de Bray-sur-Seine pour soulager les effectifs de la ville voisine. Une situation qui semble compromise : « Nous avons abordé le sujet mais on s’y est pris trop tard. Il aurait fallu faire un RPI en octobre - novembre 2017 et pas maintenant » , regrette Emmanuel Marcadet, maire de Bray-surSeine. Bien décidé à ne pas baisser les bras, Gérard Carasco fera son possible pour sauver sa classe : « S’il le faut on ira bloquer le pont de Bray » .
De nouveaux élèves en 2019
A Maison- Rouge, là encore une fermeture de classe est programmée. Pour Pierre Caumartin, maire de la commune, la baisse d’effectif est là mais une nouvelle fois il avertit sur la livraison en 2019 de lotissements qui devraient apporter des effectifs conséquents à l’école. « En 2010, nous avions connu une fermeture de classe pour avoir une réouverture l’année suivante après la sortie d’un lotissement » . Si aujourd’hui, le RPI qu’il forme avec Vieux-Champagne accueille une moyenne de 19 élèves par classe, ce chiffre serait augmenté à 23 pour la rentrée 2019. « On fermerait une classe à Maison-Rouge » , indique l’élu ramenant l’organisation à trois classes à Maison-Rouge pour deux classes à Vieux-Champagne.
« Répartir les moyens d’enseignement en fonction des besoins »
Du côté de l’inspection académique le message est simple : « Les mesures prises sur ces secteurs sont toutes motivées par des prévisions d’effectifs trop faibles pour maintenir les structures actuelles, au regard des taux d’encadrement attendus. L’objectif premier est de répartir les moyens d’enseignement en fonction des besoins, en toute transparence et toute équité entre les écoles du département » .
Pour la situation du RPI d’Hermé - Melz-sur-Seine la position est toutefois différente des autres : « La mesure proposée est une fermeture révisable, c’est-à-dire qu’à ce stade il reste une incertitude sur les effectifs, et qu’un comptage des élèves sera réalisé le jour de la rentrée. Sur les autres situations la mesure proposée est une fermeture définitive, ce qui signifie qu’a priori, les écoles fonctionneront avec une classe de moins à la rentrée, et donc une répartition des élèves par niveau différente de ce qui existe aujourd’hui » . L’inspection académique tient toutefois à rappeler : « L’ensemble des prévisions d’effectifs sont suivies et étudiées tout au long de l’année, la carte scolaire se construisant jusqu’à la rentrée scolaire. » Affaire à suivre.