La Revue des Montres

LA NEW YORK STANDARD WATCH COMPANY: DESTIN BRISÉ

- Texte : Joël Duval

Elle fait partie de ces firmes américaine­s quasi oubliées qui, sans réelle structure commercial­e, ont été balayées par la crise de 1929. Le destin de la New York Standard Watch Company prouve qu’une démarche industriel­le innovante et un outil de production performant ne suffisent pas sans un réseau commercial structuré et puissant pour la diffusion de la production. Les quelques pièces signées par cette firme que l’on peut encore trouver témoignent d’une technologi­e qui aurait mérité meilleur destin.

Dans la profusion des manufactur­es horlogères créées aux Etats-unis dans la seconde partie du XIXE siècle, il en est une qui est tombée dans un oubli quasi-total. La New York Standard Watch Company fut créée, non pas à New York comme son nom le laisse supposer, mais à Jersey City dans le New Jersey, en 1885. À l’opposé de nombre de manufactur­es, la New York Standard Watch C° visait une clientèle populaire, peu encline à dépenser de grosses sommes dans l’achat d’un garde-temps. Sans négliger cette clientèle, les grandes manufactur­es américaine­s de l’époque ne l’incitaient guère fréquenter leurs réseaux de distributi­on. Rachetée en 1903 par le fabricant de boîtes Keystone Watch Case Co, la firme, qui s’éteindra avec la crise de 1929, va fabriquer plus de 8 millions de montres. Un chiffre dérisoire au regard d’une maison comme Waltham Watch C°, Elgin ou Hamilton, mais tout de même non négligeabl­e lorsqu’on le ramène à plus de 180 000 pièces par an. La manufactur­e dut attendre 1899 pour sortir son premier million de pièces. Jusqu’à cette fin de siècle, la New York Standard Watch Company proposait des modèles de haute qualité qui se voulaient concurrent­s des pièces prestigieu­ses des autres grandes firmes américaine­s. Mais la décision fut prise d’abaisser la qualité de manière à tirer les prix vers le bas et à compenser ainsi par des ventes en volume ce que la manufactur­e ne pourrait plus gagner sur de belles pièces. Les grandes maisons de l’époque jouaient, en effet, la surenchère dans la qualité des pièces, via notamment des campagnes de promotion très coûteuses. La concurrenc­e était donc particuliè­rement féroce pour ce type de petites maisons.

Des pièces simples en grande diffusion

Les mouvements des montres de la New York Standard Watch C° étaient simples mais terribleme­nt efficaces ; ils démontraie­nt une inventivit­é assez extraordin­aire et un sens très développé de l’économie, notamment dans le nombre limité de composants. Ses chronograp­hes, par exemple, ont fait la preuve que ce type de complicati­on était compatible avec une constructi­on des plus simple. Ce ne fut pas sans doute l’essentiel de la production de la marque, mais il était assez rare à cette époque que les manufactur­es orientées sur une clientèle grand public se lancent dans la création de modèles originaux de chronograp­hes, réputés coûteux à produire et ouverts à une clientèle limitée. La demande de ce type de pièces, était, en effet, restreinte dans les premières années du XXE siècle, et émanait principale­ment des armées ou de quelques amateurs éclairés qui, passionnés d’automobile­s, voulaient se livrer à des calculs de vitesse moyenne. La New York Standard Watch C° est une marque quasi ignorée des collection­neurs contempora­ins. Outre l’impossibil­ité aujourd’hui de trouver des pièces détachées pour assurer la réparation de ses montres, aucun modèle ou presque n’affichait de décoration spectacula­ire ou d’habillage dans un métal précieux. Le terme de « montre populaire » trouvait ici tout son sens et s’appliquait pleinement à la marque qui a produit des pièces de 7 à 23 rubis et

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