Le charme des vins au goût bulgare
Des domaines locaux retrouvent et cultivent les cépages antérieurs à l’ère soviétique. 3 000 ans d’histoire à déguster !
Le concours international des vins des Balkans se tient du 5 au 8 juin à Sofa, en Bulgarie. L’occasion de découvrir un vignoble vieux de 3 000 ans.
De la période soviétique, le pays a hérité des plantations massives de cépages bordelais (cabernet-sauvignon, petit-verdot), encépagement complété par l’apport plus récent de pinot noir, sauvignon, riesling, etc. Une production “made in Bulgarie” destinée à l’export.
Mais aujourd’hui une viticulture locale identitaire est en train de renaître, annonce Lioubomir Stoianov, sommelier au restaurant-cave Di Wine, à Varna (mer Noire). Ainsi, la petite cave familiale Dragomir, dirigée par Natalia Gadzheva et Konstantin Stoev, à Plovdiv, cherche à « augmenter le pourcentage de vins produits à partir de cépages locaux, soit en assemblage, soit à 100 % » . Le déf ? « Élaborer des vins populaires à partir des caractéristiques de chacune de nos régions » , affirme Natalia Gadzheva.
Traminer et misket
En blanc, le traminer (proche du gewurztraminer), très utilisé près de la mer Noire, donne naissance à des vins secs aromatiques. Le 2007 vinifié en vendanges tardives par Khan Krum, à Sumen, se révèle proche d’un pacherenc français. Le cépage dimiat de Dragomir donne aussi un excellent vin de liqueur. Quant au misket rouge, hybride de dimiat et de riesling, c’est un cépage blanc très ancien aux arômes de muscat : « Dans un assemblage de Varna Winery, il apporte l’arôme et le riesling l’acidité » , apprécie Lioubomir Stoianov.
Côté rouges, la région méditerranéenne de Melnik, frontalière avec la Grèce, abrite le melnik feuillu et le mavrud, qui engendrent des vins tanniques et de longue garde. Dans le nord-ouest du pays, le gamza (ou kadarka hongrois, d’origine albanaise), très délicat à élever en raison de sa maturation tardive, peut donner de bons rouges tanniques.
Les cépages locaux, Nikola Zikatonov y croit aussi, lui qui a réalisé son rêve de gosse en créant son domaine de la Villa Melnik : « Notre avenir ? Produire des vins uniques avec des cépages autochtones se révélant en barriques de chêne local » . Et ça marche : Dragomir Winery réalise 70 % de son chifre d’affaires sur le marché bulgare.