La Revue du Vin de France

Éditorial,

- par Jérôme Baudouin

Un verre à la main, sur la terrasse pavée de galets rouges, les visiteurs admirent le vignoble depuis le toit-terrasse du nouveau chai dessiné par Jean Nouvel. À sept mètres du sol, est installée la table d’hôtes du château La Dominique. Tous les plats sont préparés sur place, comme dans un véritable restaurant. Derrière le plan de travail, la brigade s’active. Les serveurs enchaînent les plats, face à un panorama verdoyant et une vue imprenable sur le chai du voisin, Cheval Blanc. Le déjeuner restera gravé dans la mémoire de ces visiteurs venus découvrir le cru de Saint-Émilion. De l’autre côté de la petite route, le château Petit-Village, à Pomerol, vient lui aussi d’ouvrir sa table d’hôtes, sous une glycine. Dans le Médoc, à Saint-Julien-Beychevell­e, le château Gruaud Larose propose à son tour des déjeuners-dégustatio­n dans les somptueux salons du château.

La Bourgogne n’est pas en reste. Olivier Lefaive a été un pionnier en créant, il y a déjà plus de dix ans sa table d’Olivier, où le repas se prolonge en un cours de dégustatio­n. Il y a deux ans, Jean-Louis Trapet a lui aussi décidé de régaler ses hôtes. Et en Champagne, Anselme Selosse a fait de même. Dans le Rhône, dans le Languedoc et en Provence, on observe la même évolution : les vignerons ne se contentent plus de vendre leurs vins, ils veulent les servir à leurs clients accompagné­s de mets choisis. Dépasser la sempiterne­lle séance de dégustatio­n derrière le comptoir et ofrir une dimension plus conviviale aux visiteurs, telle est la tendance actuelle. Le récent vote du Sénat visant à ancrer le vin au coeur du patrimoine culturel et gastronomi­que de la France est ainsi bien honoré. Le vin a aujourd’hui une dimension transversa­le : à la fois bien culturel, produit de haute gastronomi­e et motif touristiqu­e. En créant leur table, les vignerons entendent libérer leurs vins du cadre strict du caveau pour les mettre en valeur autrement.

De leur côté, les restaurate­urs situés dans les régions viticoles se mettent au diapason. Les plus sensibles au vin baissent volontiers leurs marges pour se rapprocher des prix des producteur­s et proposent des cartes souvent imposantes. Une aubaine pour les amateurs, comme le montre la sélection de bonnes adresses recensées par Raoul Salama, notre spécialist­e des vins au restaurant. Vignerons et restaurate­urs nous mettent, non pas l’eau, mais le vin à la bouche, créant ainsi des paysages gustatifs qui réveillent nos papilles…

À tous, nous souhaitons de belles découverte­s.

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En créant leur table, les vignerons entendent prolonger la dégustatio­n.

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