La Revue du Vin de France

QUAND LE VIGNOBLE JOUE LES ARTISTES

Reprenant l’esprit des fondations d’art créées, au cours du XXe siècle en Provence, par de riches collection­neurs, certains propriétai­res ont transformé leur vignoble en lieu d’exposition offrant un cadre exceptionn­el à des artistes de renommée mondiale.

- Par Alexis Goujard

Une lumière resplendis­sante, des reliefs naturels majestueux, une mer bleue azur… Les paysages de Provence ont inspiré des artistes majeurs du XIXe siècle. Van Gogh fut charmé par les couleurs chaudes de SaintRémy-de-Provence où il réalisa plusieurs toiles dont Les Moissons en Provence (1888). L’impression­niste Paul Cézanne, natif de la région, y a réalisé sa célèbre série de peintures représenta­nt la montagne Sainte-Victoire. Un peu plus tard, Henri Matisse succombe lui aussi au charme provençal, et livre en 1904 sa Vue sur Saint-Tropez. Puis Picasso s’entiche à son tour de la Côte d’Azur et réside quelques années au château Grimaldi, à Antibes, désormais musée Picasso. La Provence a également été un endroit de villégiatu­re pour des mécènes d’importance mondiale. Le couple sulfureux et audacieux, Marie-Laure et Charles de Noailles a investi les hauteurs de Hyères où ils frent construire la Villa Noailles, dans les années 1920, pour y abriter les oeuvres d’artistes modernes dont Salvador Dalí ou le sculpteur Jacques Lipchitz. En 1964, le marchand d’art et galeriste, et ami des principaux artistes de l’aprèsguerr­e, Aimé Maeght, établit sa fondation à Saint-Paul-de-Vence près de Nice. Elle devient alors l’une des plus importante­s collection­s en Europe comportant des milliers d’oeuvres d’artistes dont Braque, Calder, Giacometti, Miró… Aujourd’hui, de nouveaux parcours artistique­s se dessinent en Provence grâce à de riches propriétai­res de domaines viticoles passionnés d’art contempora­in qui ont investi la Provence. Ils produisent du vin et ofrent leur cru – devenus de vastes musées à ciel ouvert – comme cadre d’inspiratio­n aux artistes.

LA COSTE

C’est au château La Coste (www.chateaula-coste.com), au Puy-Sainte-Réparade situé à 20 kilomètres au nord d’Aix-en-Provence, que Patrick McKillen, un homme d’afaire irlandais, a déniché un endroit de rêve – bordé de vignes, de forêts de chênes et de vergers d’amandiers – pour créer son centre d’art. Ce collection­neur,

passionné d’architectu­re a fait de la propriété un musée en pleine nature. Il invite les plus grands artistes à choisir un emplacemen­t au milieu des vignes pour imaginer ou y installer leurs oeuvres. Ce centre d’art, qui a ouvert discrèteme­nt ses portes en 2011, voit chaque année, une nouvelle pièce prendre place dans ce paysage magique. En entrant dans le parc du château, vous serez accueillis par la Crouching Spider (2003) de Louise Bourgeois. Une araignée géante posée sur un bassin d’eau devant le bâtiment de réception en béton, aux formes de matelas japonais, de l’architecte Tadao Ando. En grimpant les coteaux plantés de syrah et grenache, vous longerez le Wall of Light Cubed (2007) de Sean Scully, un impression­nant mastodonte de 1 000 tonnes fait d’un empilement de blocs calcaire et de marbre rouge taillés dans une carrière au Portugal. Depuis les hauteurs d’un coteau, redescende­z quelques pieds sous terre vous isoler dans la Oak Room (2009) d’Andy Goldsworth­y, véritable nid géant composé de troncs de chêne entremêlés au-dessus de notre tête. Une carapace de bois qui laisse entrer de paisibles rayons lumineux. Même pour l’élaboratio­n et l’élevage du vin, les grands architecte­s apportent leur pierre à l’édifce. En 2008, le Français Jean Nouvel a dessiné le chai de vinifcatio­n. Les cuves en Inox et les barriques de chêne reposent au sein d’une bâtisse voûtée tout en aluminium dont les courbes rappellent un hangar pour avions. Pas moins de dix-huit artistes internatio­naux ont des oeuvres exposées dans les vignes du château La Coste. Mais Patrick McKillen, mécène passionné et insatiable, aspire à faire de son domaine un centre d’art incontourn­able en accueillan­t une nouvelle oeuvre chaque année. Et pour que l’extase soit complète, n’oubliez pas de déguster les délicieux coteaux d’aix du château. Plaisir des yeux et des papilles garantis !

PEYRASSOL

Quand Philippe Austruy, un entreprene­ur spécialisé dans les résidences médicalisé­es, rachète, en 2001, la commanderi­e de Peyrassol (www.peyrassol.com), une splendide propriété de Flassans-sur-Issole dans le haut-Var, il envisage immédiatem­ent de consacrer le parc du domaine à sa passion pour les sculptures contempora­ines. Le domaine regorge de curiosités acquises petit à petit par le propriétai­re. Dans le parc, les bassins, les bois et les vignes, les sculptures, subtilemen­t éclairées par une lumière rasante, jaillissen­t du sol avec poésie. Les statues immaculées en résine de Fabrice Anglade, comme La Grande Fille (2003) jouant avec les lapins, ainsi mises en scènes sont éblouissan­tes et irréelles. N’hésitez pas à aller les découvrir. “Écoutez” également le Scherzo du plasticien Patrick Fleury : des courbes en aluminium de plus de 4 mètres de haut qui rappellent les mouvements gracieux et précis d’un chef d’orchestre. Il faudra partir aussi à la recherche du Wapiti de François-Xavier Lalanne. Les oeuvres sont aussi nombreuses qui variées. Alors, à

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Porte géante de Gavin Turk ouverte sur le vignoble à la commanderi­e de Peyrassol.

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