La Revue du Vin de France

Bordeaux 2011 et 2012

Deux millésimes très opposés et pleins de surprises

- Dégustatio­ns : Antoine Gerbelle, Axel Marchal, Philippe Maurange, Roberto Petronio et Olivier Poels.

Le principal tort des millésimes 2011 et 2012 ? C’est indiscutab­lement, à la lumière de notre grande dégustatio­n annuelle des vins en bouteille, le fait d’être nés après 2009 et 2010, deux millésimes exceptionn­els, à ranger parmi les plus grands de l’histoire et dont l’ombre risque encore de porter sur Bordeaux pendant longtemps. Car, comme ce fut le cas pour 1962, 1983, 2001 ou 2006, la comparaiso­n avec des années légendaire­s qui les ont précédés les a quelque peu fait passer aux oubliettes, alors qu’objectivem­ent, ils ne manquaient vraiment pas d’arguments. C’est le cas de ces 2011 et 2012, de profil pourtant radicaleme­nt différents.

Si le premier offre un caractère assez droit, classique, un peu austère parfois et, il est vrai, hétérogène, le 2012, année bénéfique au merlot, se montre bien plus suave, tendre, charmeur et déjà accessible

On retiendra de la climatolog­ie de 2011 un beau printemps très sec et beau qui laissait augurer d’une récolte précoce et très qualitativ­e, mais peu abondante du fait des échaudages (raisins grillés). Hélas, l’été frais et pluvieux, avec son cortège de maladies, a tempéré les espoirs. Une année également marquée par de violents orages de grêle qui, début juin à Margaux et début septembre dans le nord de Pauillac et Saint-Estèphe, ont causé des ravages. Il en résulte des vins qui se sont aujourd’hui refermés en bouteille et dont la structure tannique, pas toujours d’une maturité exemplaire devra se fondre. Il est à craindre que certains vins ne trouvent d’ailleurs jamais leur équilibre. Le tri s’impose. 2012, une année tardive Le millésime 2012 connut un cycle bien différent, le printemps frais et humide a contrarié la floraison et le beau temps a peiné à s’installer sur la région. Le pire était à craindre et fort heureuseme­nt le soleil a pris ses quartiers sur la France en août, permettant de combler une partie du retard pris dans la croissance de la vigne et le mûrissemen­t des raisins. Le millésime fut bien plus tardif et la maturité des cabernets pas toujours évidente à atteindre. La Rive droite, et sa dominante merlot, cépage plus précoce, tire son épingle de ce jeu troublé. Les saint-émilion 2012 sont faciles d’approche ;

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