Saumur blanc, le chenin revient
Les producteurs de saumur blanc sont en ordre de bataille pour hisser la qualité et hiérarchiser les vins de l’appellation. Un projet louable car le chenin y fait merveille.
Longtemps vouée aux blancs, la longue bande qui s’étire le long de la Loire de Saumur à Montsoreau, surnommée à juste titre la “côte des blancs”, a viré de couleur à partir des années 50 au profit du cabernet franc ; elle est d’ailleurs aujourd’hui classée en Saumur-Champigny. À cette époque, le vin rouge était plus à la mode.
Aujourd’hui, le discours a changé. Le chenin gagne du terrain et grignote les terres à rouge. L’appellation Saumur blanc est son porte-drapeau, mais marche encore en ordre dispersé : sur la même zone géographique, on peut en effet produire aussi bien des blancs secs, des liquoreux en Coteaux de Saumur ou des effervescents en brut ou mousseux. Et quand certains s’échinent à limiter leurs rendements, d’autres collent au plafond des 65 hl/ha. Les 250 vignerons n’ont pas tous la même vision ! La cave coopérative produit aussi plus de la moitié des volumes et les tarifs des vins font le grand écart entre les premiers prix de la grande distribution et les têtes de cuvées des stars de l’appellation qui frôlent les prix bourguignons. Reste que le chenin a ici toute légitimité – les meilleurs vignerons le prouvent – et que Saumur prend le chemin de la qualité, avec la volonté d’harmoniser la production.
Une nouvelle ère
Le projet de hiérarchiser les zones de production en villages, un peu comme les bourgognes, de ne garder que le chenin (on peut encore en théorie adjoindre du chardonnay et du sauvignon, même si, dans la pratique, c’est rare) ouvre une nouvelle ère.
Les quatre grandes zones de production montrent la valeur de ces terroirs calcaires : la butte de Brézé, très réputée pour son terroir de craie mais disposant de peu de vignes, le secteur du Puy-Notre-Dame à l’ouest, Saint-Léger-de-Montbrillais tout au sud dans le département de la Vienne, comptant peu de producteurs, et la côte des blancs historiques autour de Parnay. Tuffeau, craie blanche, calcaires jaunes, argiles, sables produisent des cuvées qui convergent vers une grande tension acide, des notes d’agrumes, un profil droit et élancé. De bonne garde, ouvrez-les entre cinq et dix ans sur des poissons de rivière, des volailles, des champignons. Ce sont de formidables alliés de la table, qui rivalisent, pour les meilleurs, avec l’élite de la Bourgogne.
La dégustation s’est déroulée au restaurant Le 7 à Saumur. Elle a rassemblé 37 échantillons du millésime 2012.