La Revue du Vin de France

Allemagne : la garde montante

De jeunes vignerons allemands mettent en avant leur terroir et privilégie­nt désormais le travail à la vigne pour élaborer de somptueux vins secs reconnus dans le monde entier.

- Une dégustatio­n de Caroline Furstoss C. F.

Aujourd’hui, les rieslings allemands comptent à nouveau parmi les plus grands vins blancs du monde. Le mérite en revient à une génération de jeunes vignerons qui a entamé un travail en profondeur afin de rajeunir l’image de vins trop sucrés et pas assez ancrés dans leur terroir.

Il faut dire que jusqu’en 1971, la classifica­tion des vins outre-Rhin était fondée sur leur teneur en sucres. Mais en 2012, une nouvelle classifica­tion initiée par les 200 adhérents du Verband Deutscher Prädikatsw­eingüter (VDP), associatio­n qui regroupe l’excellence des vignerons allemands, redéfinit le style des Grands crus et s’attache davantage à l’identité de leur terroir.

Cette nouvelle organisati­on des grands crus allemands distingue les vins secs des vins moelleux avec la création des Grosses Gewächs. Ces Grosses Gewächs représente­nt les meilleurs terroirs, tout comme les Grosse Lage, mais les premiers sont vinifiés uniquement en sec (maximum 9 grammes de sucres résiduels). La lecture des Grands crus est ainsi rendue plus simple, tout comme les étiquettes qui se sont, elles aussi, épurées. Enfin, le rendement des Grands crus est limité à 50 hl/ha.

Cette classifica­tion a tout de suite rencontré un écho favorable dans les vignobles de Rheinhesse­n (Lisa Bunn), de Pfalz (Jürgen Krebs) et dans certains secteurs méconnus de la Moselle allemande, où les jeunes vignerons (Angelina et Killian Franzen, Christophe­r Loewen…) fourmillen­t. Une région pourtant ancrée dans la tradition et réputée pour ses vins surmûrs, les fameux Prädikat (Kabinett, Spätlese, Auslese, Beerenausl­ese…) et dans laquelle la nouvelle classifica­tion a donc du mal à prendre. Des Žchanges bŽnŽfiques Aiguillonn­és par cette “révolution culturelle”, les jeunes vignerons allemands se recentrent donc sur le terroir et le travail de la vigne. Les manipulati­ons en cave passant au second plan. Comme l’explique Thomas Ludwig, vigneron de Moselle, « mon père ne se fiait qu’aux analyses, tandis que je préfère vérifier par moi-même en goûtant les raisins » . Chez cette nouvelle génération, la fraîcheur est maîtrisée dans les vignes. Résultat : moins de gaz carbonique en bouteille, qui pénalisait les vins blancs d’outre-Rhin. Place également aux levures indigènes, avec des fermentati­ons spontanées et une légère macération pelliculai­re. Cela donne des vins secs plus structurés. Autant de méthodes dont ces vignerons se sont inspirés lors de leurs voyages à l’étranger. Chose impensable par le passé !

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THOMAS LUDWIG. Issus du cru Ritsch, ses vins incarnent le nouvel esprit des grands rieslings secs allemands.
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