La viticulture doit évoluer avec les changements climatiques
Les vendanges ont été avancées de deux semaines en vingt ans dans le Bordelais.
Les conséquences du changement climatique se font déjà sentir de manière concrète dans certains secteurs, à l’exemple de la vigne. Le magazine Alternatives économiques (*), s’est intéressé au sujet, citant le cas du célèbre vigneron de Marmande, Elian Da Ros. La conjugaison de pluies trop abondantes et d’orages de grêle de plus en plus violents dans le Sud-Ouest a été dramatique pour sa trésorerie. « En l’espace de trois années seulement, nous avons perdu l’équivalent d’un an de chiffre d’affaires » , explique-t-il. Les cas de ravage de parcelles concernent en réalité l’ensemble du pays depuis quelques années et représentent la partie émergée de l’iceberg. Depuis trois ans, la grêle s’acharne sur Volnay, Pommard, Meursault… En juin, le dernier épisode a été ravageur pour le millésime 2014, et encore des générateurs à iodure d’argent ont-ils permis de limiter la taille des grêlons, comme le rappelait Thiébault Huber, président du syndicat de l’appellation Volnay, et aussi président de l’Association régionale d’étude et de lutte contre les fléaux climatiques (Arelfa). Au-delà de ces coups de grisou, il est difficile d’évaluer à moyen terme les formes que prendra ce “changement viticole”. On sait par exemple que l’on récoltera de moins en moins de raisins (voir graphique ci-dessous), que les vendanges seront plus précoces et que les baies seront plus aromatiques, plus riches, avec moins d’acidité.
L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a calculé que la récolte des raisins dans le Bordelais avait été avancée en moyenne de quinze jours depuis vingt ans et de trois semaines en un siècle. Pour s’adapter aux nouvelles conditions, les professionnels commencent à privilégier des cépages tardifs (syrah) au détriment de plants précoces (merlot). Ils plantent moins en plaine et plus en hauteur. La taille des feuilles est, elle, délaissée pour former un écran protégeant les baies du soleil. Faudra-t-il un jour modifier la date de sortie du célèbre beaujolais nouveau ?