La Revue du Vin de France

Marcelo Pelleriti fait danser Pomerol au son du rock

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Dans son lointain pays, l’Argentine, cet homme est une star du grand vignoble local : Mendoza. Disciple de l’influent Michel Rolland, maître d’oeuvre à la puissante Bodega Monteviejo, membre de la caste des couronnés 100/100 Parker, et même... rockeur à l’énergie vivifiante (festival Wine Rock), Marcelo Pelleriti, 45 ans, ne vous lâche pas quand il vous parle avec les mains.

En France, ce barbu aux idées aussi longues que sa chevelure est un inconnu. Il avale ses 24 heures de voyage pour débarquer tous les ans à Pomerol, au moment des vendanges.

Cette fois, pour le millésime 2014, il est arrivé aux châteaux La Violette, Le Gay et Montviel (famille de feu Catherine Péré-Vergé, également propriétai­re de Monteviejo) avec un grand projet à finaliser : vinifier 100 % de la récolte directemen­t en fûts, c’est-àdire en se passant du passage en cuves.

Une technique dite de “microvinif­ication” qui commence à faire des émules dans les très grands vins. « Chacun a sa recette. Nous, avec Michel [Rolland], nous avons démarré dès 2006 à La Violette. Aujourd’hui, l’idée est de placer 80 à 90 % des baies plus le reste en grappes entières pendant 35 jours, avec jusqu’à plusieurs opérations de pigeages quotidienn­es. Un boulot de fou ! » , explique-t-il. Aujourd’hui, 370 barriques neuves ont été placées sur le site de Le Gay (dorénavant climatisé à 5° C), et les cuves écartées.

Une révolution ! Marcelo le rockeur latino assure que le résultat est saisissant et que l’échange entre les jus et le bois se fait beaucoup plus rapidement. En Argentine, il réalise déjà les cuvées vedettes La Violeta et Lindaflor grâce à cette technique. À Pomerol, des essais ont été réalisés sur le Manoir de Gay (second vin). « Nous voulons être les premiers grands crus bordelais à pratiquer la microvinif­ication à 100 % » , admet Henri Parent, fils Péré-Vergé et nouveau dirigeant des domaines. À la mort de sa mère, il y a un an et demi, dans un aéroport argentin, il a renouvelé le pacte avec Marcelo, qui lui a précisé : « On est reparti, à condition que ce soit pour trente ans ! » .

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“le Jimi Hendrix du vin”.
MARCELO PELLERITI. À Mendoza, on le surnomme “le Jimi Hendrix du vin”.

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