Le domaine Chanzy coté à Londres
Racheté par des fnanciers, le domaine Chanzy tentera de lever 5 millions d’euros à la bourse de Londres le 8 décembre. Risqué.
La Bourgogne excite les appétits. Les magnats Pinault (domaine Engel rebaptisé Eugénie) et Arnault (Domaine des Lambrays) y ont relancé leur guerre des grands vins. Un Chinois s’est ofert le château de Gevrey. Dans la même veine, un groupe de fnanciers français et anglais issus du luxe a créé la surprise en 2012 en rachetant pour 5 millions d’euros le domaine Chanzy.
L’exploitation de 38 hectares, en Côte chalonnaise, se trouvait en redressement judiciaire. « Les autres offres voulaient diviser le domaine. Nous nous sommes engagés à le conserver d’un seul tenant, avec le personnel » , raconte Philippe Der Megreditchian, le nouveau président.
Ce 8 décembre 2014
E st-ce l’époque ? Pour se donner les moyens de ses ambitions, la nouvelle équipe entrera en bourse, à Londres, le 8 décembre. Un pari rarissime pour un domaine français.
Pour réussir l’opération, les acheteurs de Chanzy ont préparé le terrain. Dès 2013, ils se sont ofert un vinifcateur issu d’une famille réputée, Jean-Baptiste Jessiaume, qui à 23 ans venait de remporter le trophée des Jeunes Talents de Bourgogne.
Avec l’argent de ses employeurs, le jeune homme a investi plus de 3,5 millions d’euros pour améliorer l’outil de production et doper l’activité négoce du domaine. Afn de convaincre les vignerons de l ui céder l eurs précieux raisins, il n’a pas hésité pas à surpayer des raisins en provenance de Meursault (climats Charmes et Les Tillets) et de Chassagne-Montrachet…
Les aléas climatiques
Mais les financiers voient plus loin. Ils veulent aussi acheter de nouvelles parcelles et ont besoin de fonds. Ils planifent donc d’introduire 20 % des parts du domaine Chanzy à la bourse de Londres, pour lever 2 à 5 millions d’euros.
Un procédé risqué : contrairement à d’autres activités, la viticulture est tributaire des aléas climatiques. « Il est délicat d’investir dans une perspective de recherche de plus-values sur des titres d’un seul domaine coté en bourse » , prévient un expert, Jean-Luc Coupet, fondateur de Winebankers.
De mauvaises récoltes, comme en 2013, pourraient réduire le nombre de bouteilles vendues et donc les marges des actionnaires. « Nous avons besoin d’être forts fnancièrement pour faire face à d’éventuels aléas, et le fait de lever de l’argent en bourse nous le permettra » , rétorque Philippe Der Megreditchian. Avis aux amateurs de sensations fortes.