Beaune 1ers crus et villages rouges et blancs
Plus qu’un compromis, les beaunes et beaunes premiers crus offrent une synthèse entre la Côte de Nuits et la Côte de Beaune doublée de l’attrait de prix abordables. Une priorité.
Beaune est l’appellation la plus étendue de la Côte d’Or. Une des plus vastes aussi avec 409,87 hectares en production. Deux originalités façonnent le vignoble de la capitale des vins de Bourgogne. D’abord, les trois quarts du foncier appartiennent aux grandes maisons de négoce : Bouchard Père et fils avec un peu plus de 40 ha, Joseph Drouhin avec une trentaine, Louis Jadot et Chanson une vingtaine. Sans oublier Les Hospices de Beaune qui déclinent ses 1ers crus en dix cuvées.
Grignotées par l’urbanisme, les vignes de la plaine beaunoise ont diminué comme peau de chagrin depuis l’après-guerre. La ville cache ses vignes. Il faut prendre les chemins balisés pour découvrir que les pinots noirs et les rares chardonnays (10 %) sont implantés en coteaux ; ce qui explique que 80 % des surfaces soient classés en 1ers crus. Voilà la deuxième originalité de Beaune qui connaît une surabondance de 1ers crus (42 climats que personne ou presque ne connaît), une faible production de villages et aucun grand cru. Leur pluralité, une chance ! Les blancs sont l’exception. Les terres trop argileuses privent le chardonnay de finesse. La multiplication et l’hétérogénéité des terroirs rendent d’ailleurs l’analyse des dégustations difficile. C’est évident, il y a un manque d’unité naturelle que la variété des styles des vinificateurs et les récents millésimes chaotiques accentuent. Mais cette pluralité est aussi une chance. À y regarder de près, ce terroir concentre une rare palette de nuances (voir carte p. 73), des beaunes froids et aromatiques du nord qui évoquent les nuits-saint-georges comme les Marconnets, à ceux plus rigides et ténus du sud (Clos des Mouches, Les Aigrots). Sans oublier les seigneurs des Grèves, les pinots noirs les plus profonds et charnus, l’archétype du grand beaune selon nous. De grands vins encore trop méconnus. Ils sont mal ou peu servis dans les restaurants beaunois, alors qu’ils présentent une alternative maline aux rouges de la Côte de Nuits qui connaissent des hausses de prix vertigineuses.
Nous avons préféré les 2012 pour la précision du fruit (au-delà de fortes notes de réduction) et le potentiel de maturité. Les 2013, millésime de sous-maturité et de moyenne garde, confirment que les rouges s’en sortent un peu mieux que les blancs qui connaissent des déviances aromatiques en villages. Avec la grêle, 2014 est la pire année qu’ait connue la commune depuis des décennies. Par exemple, le domaine Jacques Prieur a perdu 60 % de ses volumes en 2013 et 90 % de ses rouges en 2014. Les beaunes 1ers crus sont à boire entre trois et quinze ans. Aujourd’hui, ce sont les 2008 qui commencent à se goûter dans leur parfaite plénitude.