La Revue du Vin de France

Les conditions de la dégustatio­n

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le pas sur le fruit. Plus filiforme que de coutume, sur la réserve, il faut l’oublier en cave. Plus sauvage et terrien dans ses parfums avec une note de cuir, de fer et de réglisse, il a besoin d’air pour libérer son fruit et des senteurs plus épicées. Même si le fruit s’épure à l’air, il garde une allure plus sérieuse : il faut ouvrir ce vin la veille. Il y a une pointe de réduction pour François Mikulski. Si le nez manque de netteté, la bouche a pris de l’épaisseur. Le fruit est plus ample et large avec une évolution dans le verre qui procure un plaisir grandissan­t. Le fruit ressurgit de manière surprenant­e. Il développe une touche d’épices et sent la tarte à la myrtille. Une gourmandis­e récurrente dans cette palette aromatique d’un caractère toujours solaire, avec une pointe de réglisse. Il trouve un bel équilibre entre le fruit et le terroir qui fait surface. S’il nous donne déjà du plaisir, il mérite cinq ou six ans de garde supplément­aires, car son ossature prend le pas sur sa gourmandis­e juvénile. Sa vraie nature se révèle avec le temps car nous sommes face à un vrai beau terroir de garde. Son parfum étonnant et exubérant de violette évoque plus l’expression d’une belle syrah que la fraîcheur d’un pinot noir de la Côte de Beaune. François lui trouve une petite déviation aromatique. Pour nous, son expression olfactive rappelle un joli vin rhodanien. Le domaine n’éraflait pas les raisins à cette époque. Derrière ce parfum atypique, le Caillerets est très appétant avec sa douceur presque sucrée. La bouche volumineus­e magnifie l’impression d’un fruit qui prend de la chair et de la densité. Un beau potentiel de garde encore loin de son apogée. Il délivre un début de bouquet tertiaire d’une belle expression. Nez fin et franc, avec un beau végétal noble tirant sur la feuille de thé. Derrière cette belle mâche et son ampleur, il garde une structure solide en bouche. Il évolue vers une note mentholée. Sa fermeté surprend après la générosité qu’il offre dans son jeune âge. Il faut lui laisser quelques années pour qu’il se patine en douceur. Un millésime caractéris­é par sa fraîcheur et sa forte acidité qui semble parfaiteme­nt convenir à ce terroir. Joli bouquet d’une magnifique complexité pour ce vin issu de vendange entière. Cela paraît mûr mais sans excès car les années avec du soleil, mais avec des nuits fraîches et sans stress hydrique, donnent de très belles choses sur ce terroir. En bouche, il livre un fruit net et pur. Un vin élancé avec juste ce qu’il faut de fruit. Superbe.

Une année qui a connu la grêle et de faibles rendements, de l’ordre de 25 hl/ha. Les vendanges ont eu lieu autour du 24 septembre. La première impression laisse ressurgir une note de beurre au caramel salé malgré l’absence de bois neuf. Il évolue vers le cuir fin. Il se montre moins noble dans son expression aromatique que le Caillerets. François Mikulski le trouve élégant. La bouche est compacte à l’ouverture pour revenir sur une forme généreuse, comme si ce vin d’altitude (340 m) retrouvait la gourmandis­e de sa jeunesse. Très bourguigno­n dans la fraîcheur de son parfum, il lui a fallu presque vingt ans pour libérer une belle palette aromatique avec un végétal noble. Sa jolie dualité fraîcheur/maturité le rend séduisant et distingué. La bouche a pris de l’épaisseur et de la sève. Un vin qui surprend par son évolution. Sa minéralité reste fine, même si le fruit s’étoffe. Un vin tout en muscles avec d’élégantes et capiteuses notes de rose. Les vins ont été dégustés au domaine François Mikulski par Roberto Petronio pour La Revue du vin de France, par Marie-Pierre et François Mikulski ainsi que par Pascale et Tierry Matrot et leurs deux flles.

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