DOMAINE CAUHAPÉ Le jurançon, ce fruit de la passion
Issu d’une famille paysanne qui pratiquait la traditionnelle polyculture béarnaise, Henri Ramonteu décide de vendre ses vaches et d’abandonner son maïs en 1988. Ce sera le vin, rien que le vin, dans la plus parfaite inconscience. Des modestes origines, son parcours l’a conduit jusqu’à l’Académie des vins de France. «Vous imaginez ? Moi, un paysan, devenir académicien ! »
À l’image d’Alain Brumont à Madiran, Henri Ramonteu ne sait pas résister à l’achat d’une parcelle. Il a agrandi son domaine par achats ou fermages, jusqu’à s’étaler sur 43 hectares à fancs de coteaux exposés soit au sud-est, soit plein sud comme celui qui domine le village de Monein dont est issue la cuvée Quintessence. Le classement d’une parcelle au-dessus du domaine, moins bien exposée, a fait l’objet d’un débat musclé avec l’Inao, que la qualité des vins a statué.
Les sols argilo-siliceux sont typiques de ce secteur de l’appellation, les meilleurs terroirs sont les plus riches en argile et les plus pentus. L’encépagement comprend gros et petit mansengs, complétés par du courbu, du lauzet et du camaralet (en grandes proportions dans la cuvée Geyser).
La viticulture tend à étaler au maximum les grappes pour leur ofrir un passerillage parfait. 4 000 pieds/ha, une taille en guyot simple avec une arcure et des pieds montés en hautains pour échapper aux gelées printanières. Le vignoble est enherbé et désherbé sous le rang ; les rameaux sont relevés à la main. Les entre-coeurs sont ôtés avec un efeuillage manuel au milieu du pied pour un équilibre entre protection des grappes et passage de la lumière jusqu’au sein du cep. L’herbe est tondue pour réguler la concurrence, le sommet du feuillage est rogné. Aucun insecticide n’est employé depuis vingt ans et le reste des traitements est utilisé en lutte raisonnée.
Concernant les vignes dédiées aux moelleux, les tiges des grappes sont pincées début novembre pour stopper tout échange avec le pied et permettre aux grains de raisin de se concentrer par passerillage. Lequel est favorisé par la peau épaisse du petit manseng, mais aussi par ce petit miracle climatique pyrénéen qui va concentrer les sucs grâce à l’efet de foehn, un vent provenant d’Espagne qui sèche et réchaufe le secteur à l’automne.
Reconnu pour la qualité de ses moelleux, le domaine Cauhapé aborde avec succès le virage du vin blanc sec. Fort de son expérience et à l’écoute des amateurs, Henri Ramonteu compte bien réenchanter nos papilles.
Arme de séduction massive
Si Henri Ramonteu est entré il y a vingt ans dans le gotha des grands vins du Sud-Ouest grâce à ses cuvées extrêmes de liquoreux – issues de raisins récoltés parfois après le 1er janvier et proposées à des prix fous à l’époque –, il a désormais pris un tournant vers les vins secs. Son déf : amener ses secs au niveau des moelleux tout en séduisant le consommateur et en valorisant sa production. Car si les grands liquoreux alimentent la chronique ou les consommations occasionnelles, ce sont les secs qui font