La Revue du Vin de France

Les conditions de la dégustatio­n

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Beaucoup de grâce dans le bouquet de ce vin évoquant l’Orient avec ses senteurs plus épicées que fruitées. Le caractère du millésime lui imprime une sensation chaleureus­e avec un nez évoluant vers l’orange confite. Avec l’âge, il s’épure tout en gardant cette douceur de chair. Le terroir apparaît. Les amers nous stimulent dans cette bouche très savoureuse avec une salinité de plus en plus perceptibl­e. Ici, le terroir de grès et de sédiments volcanique­s engendre la dualité du muenchberg pour André Ostertag. Deux pôles fusionnant tel le yin et le yang. Sans manquer de maturité, cette cuvée offre une belle fraîcheur végétale avec une touche de chlorophyl­le, relayée par une note de pierre à feu. La salinité est bien présente avec une texture dense et prégnante. Volumineux, ce vin s’étire en longueur. Il doit grandir encore quelques années en bouteille. Pour Jean-Michel Deiss, il est difficile d’envisager une vendange sur ce terroir sans raisins avec un peu de botrytis. La palette aromatique tire son exubérance de cette maturité élevée. Sensation que l’on retrouve dans la matière qui garde toujours du sucre résiduel. Cela donne un accès plus immédiat au vin. En contrepart­ie, le terroir reste en arrière-plan, même si sa force n’est jamais loin. Pour André Ostertag, le calcaire de l’Altenberg apporte une animalité de par la chaleur véhiculée. Cette note de pierre à feu que l’on trouve en vin jeune s’estompe avec l’âge. Elle cède la place à un parfum floral très raffiné. La marque du terroir reste présente. La biodynamie débute tout juste dans ce domaine. En 1998, les vendanges étaient plus tardives. Son bouquet évolue sur une note de miel tout en préservant puissance et finesse. Une matière onctueuse et élancée où l’on retrouve bien le yin et le yang. Un muenchberg droit, épuré, plus cérébral que sensuel, mais apaisé par les années. Un altenberg aux notes d’oranges confites, de miel et de fleur blanche. Cette cuvée garde souvent un minimum de 70 grammes de sucre résiduel qui, avec l’âge, renforce son ampleur en bouche et sa complexité. André Ostertag relève des notes de caramel et de chocolat. La palette aromatique reste plus large et évoluée que les vins de ce dernier, même si le terroir prend le dessus en bouche dans une perception saline et minérale aussi présente que dans le muenchberg. Nez somptueux avec une belle fraîcheur végétale – qui n’est pas de la sous-maturité – et une minéralité fine dans la matière élancée. Le temps lui a conféré une douceur apaisante, même si le fruit se montre moins net et pur que dans les derniers millésimes. Le Muenchberg est un grand terroir et le travail sur les derniers millésimes d’André Ostertag lui a conféré davantage de noblesse. Ce 1988 est certes un joli vin, mais il n’a pas le rayonnemen­t des vins actuels. En 1988, Jean-Michel Deiss vinifiait les cépages séparément. Celui-ci est un riesling pur. Un vin très droit et tendu qui a mangé son sucre avec le temps, pour André Ostertag. Il a évolué sur des notes de fruit, plus confit que frais, avec un petit côté viande de veau. Plus épurée, sa bouche fait ressortir le caractère du cépage, le riesling qui lui donne cette droiture et cette colonne vertébrale comme la marque du terroir. Là aussi, c’est un joli 1988, mais moins pertinent que les vins actuels du domaine. Les vins ont été dégustés au domaine André Ostertag par Roberto Petronio pour La Revue du vin de France, en présence d’André Ostertag et de Jean-Michel Deiss, du domaine Marcel Deiss.

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