Éditorial,
Cette créativité dans l’oenotourisme agit comme un dynamiseur.
L’oenotourisme en 2015 ne se conforme plus à la simple visite dans une cave associée à une dégustation. Les amateurs recherchent autre chose. Vivre une expérience unique et ludique, tutoyer le mode de vie du viticulteur et s’accaparer une part de cette vie rêvée au milieu des vignes. Depuis longtemps déjà, certains domaines louent des chambres d’hôtes, manière de découvrir de l’intérieur la vie d’une exploitation viticole. Plus récemment, certains vignerons, comme Seppi Landmann, en Alsace, ont imaginé d’inviter les visiteurs à participer à une journée de vendanges, ponctuée d’un déjeuner gourmand au milieu des vignes. À présent, une nouvelle étape est franchie par de nombreux domaines viticoles qui imaginent des initiatives originales et ludiques, tant en Champagne, qu’en Languedoc-Roussillon, dans le Rhône, en Bourgogne ou à Bordeaux. Cela va de la balade en Solex ou en Coccinelle, jusqu’à une initiation aux labours avec un cheval, comme c’est le cas au Mas Amiel, à Maury dans le Roussillon, voire de créer son propre vin, comme le développe Viniv, à Pauillac, dans le bordelais. Au-delà de ces initiatives, cette créativité dans l’oenotourisme agit comme un dynamiseur dans un univers viticole français souvent pointé du doigt pour son conservatisme. En s’ouvrant au public, en tentant de s’adapter aux attentes de touristes venus leur rendre visite, les vignerons inventent de nouvelles relations, une autre manière de mettre en valeur leur production, mais aussi les paysages qu’ils façonnent depuis des siècles, tout comme le patrimoine architectural qui les entoure. Une posture difcilement imaginable il y a encore une dizaine d’années dans de nombreux vignobles. Cette forme d’innovation dans le vignoble, via l’oenotourisme n’est plus à négliger. Elle illustre une relation complexe qui se noue entre le vigneron et son environnement. Avec de telles initiatives les hommes et les femmes du vin parviennent à s’émanciper du carcan de la tradition tout en la réinterprétant pour mieux la valoriser. Un peu comme un chef cuisinier qui réinvente un plat traditionnel de la gastronomie pour le remettre au goût du jour. Une situation d’autant plus intéressante que l’oenotourisme commence à peser économiquement dans le vignoble. Plus de sept millions de personnes sillonnent les crus de l’Hexagone et dépensent en moyenne près de quatre cents euros par jour selon les études du ministère du Tourisme, ce qui génère des créations d’emplois. La viticulture n’est pas encore une économie de loisirs, mais elle tend vers cette direction. À Bordeaux, le succès de la future Cité des civilisations du vin qui s’ouvrira l’an prochain, et qui espère attirer plus de 400 000 personnes, illustre parfaitement cette tendance.