La Revue du Vin de France

De Condrieu à la Côte Rôtie

Les vins de la province de Vienne Žtaient dŽjˆ fameux au temps de la Rome antique. Il est possible de remonter le temps en sillonnant le vignoble entre Condrieu et C™te-R™tie.

- Par Florence Bal

Si tous les ans en septembre le musée de Saint-Romain-enGal dans le Rhône organise Vinalia, la fête des vendanges gallo-romaines, ce n’est pas un hasard. Cette journée passionnan­te est l’occasion de découvrir le site archéologi­que mais aussi des ateliers montrant les us et coutumes antiques : fabricatio­n d’amphores, vertus des vins médicinaux (une toux tenace ? prenez donc un peu de vin coupé d’eau de mer à l’ail pilé !) ou dégustatio­n de vins dits archéologi­ques, élaborés selon les recettes d’antan (épicés, poissés ou plâtrés !). En face, de l’autre côté du Rhône, la ville de Vienne en Isère, n’est pas en reste. Célèbre pour son festival de jazz, elle l’est aussi pour ses vestiges gallo-romains : théâtre antique, temple d’Auguste et de Livie ou la pyramide de 25 mètres, feu édifce central du cirque romain. La Vienne antique fut prospère. Et les auteurs latins Pline l'Ancien et Plutarque célébraien­t déjà des crus fameux de sa province. Rien n’interdit de penser qu’ils se situaient en CôteRôtie, à Condrieu dans les côtes-du-Rhône septentrio­nales ou sur le coteau de Seyssuel, en IGP Collines rhodanienn­es. Aujourd’hui, la réputation des deux vignobles exceptionn­els et confdentie­ls Côte-Rôtie et Condrieu, atteint des sommets. Ces deux pépites fgurent en tête des meilleurs crus de la vallée du Rhône-Nord. Revers de la médaille : les vins sont rares et les ruptures de stock fréquentes. Pour une exploratio­n en profondeur de ces vignobles, vestiges vivants et en pleine forme, des sentiers de découverte des vignes partent des villages d’Ampuis, de Tupins et Semons, et de Chavanay. Mieux vaut être bien chaussé car les dénivelés sont importants. Du haut des coteaux, vingt siècles nous contemplen­t. Ils sont si escarpés que seule la culture en petites terrasses façonnées par l’homme y est possible. Les vignes sont conduites en échalas. La Côte-Rôtie, bien exposée comme son nom l’indique, compte à peine 240 hectares. La syrah assemblée avec du viognier (jusqu’à 20 %) donne ici des vins fns, intenses, complexes, au parfum caractéris­tique de violette et aux tanins soyeux. S’y dessinent deux terroirs bien distincts : la Côte Brune au nord et ses micaschist­es d’une couleur sombre et la Côte Blonde au Sud, composée de gneiss et de sables plus clairs. Finesse de la Côte Blonde ? Virilité de la Côte Brune ? Entre mythe ou réalité, les

Dans les vignobles de Côte-Rôtie et de Condrieu, seule la culture en terrasses sur les coteaux escarpés est possible. amateurs initiés pourront s’adonner à des dégustatio­ns comparativ­es passionnan­tes afn de trancher. Sans doute de manière non défnitive pour mieux recommence­r. L’appellatio­n voisine Condrieu, avec ses 120 hectares paraît minuscule en comparaiso­n. En 1986, il ne restait plus que 20 hectares de viognier, cépage unique de l’appellatio­n qui donne un vin à la robe or pâle et aux arômes d’abricot, de miel et d'acacia. Enfn, le petit dernier, le coteau de Seyssuel sur la rive gauche du Rhône, a été replanté en 1996 par les trois fameux vignerons, Pierre Gaillard, François Villard et Yves Cuilleron. Depuis ils ont fait des émules. Viognier et syrah y donnent des vins à la fois charnus et élégants. En attendant, l’obtention de l’appellatio­n.

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