Vignoble identitaire
Partir, oui, mais pour aller où ? Cap sur le Jura, pour arpenter une région dynamique et singulière.
Il n’est pas si loin le temps où les marchands de vins de l’Hexagone avaient toutes les misères du monde à vendre une bouteille de vin du Jura… Aujourd’hui, grâce au travail qualitatif de nombreux vignerons s’inscrivant dans les pas de quelques glorieux aînés, ce magnifque vignoble, qui s’étire sur 80 kilomètres, retrouve peu à peu les faveurs des sommeliers, des cavistes et des amateurs. Une bonne nouvelle et un succès amplement mérité ! À l’heure où la mondialisation touche aussi le monde du vin, cette région viticole préserve sa grande originalité et la réjouissante diversité de ses productions. Elle doit d’abord sa singularité à ses cépages qui, parmi tous les micro-terroirs autochtones, trouve chacun des sols propices à leur expression… Cultivés ici depuis plusieurs siècles, le chardonnay – environ 50 % des plantations pour des vins très intéressants - et le pinot noir restent certes emblématiques de la Bourgogne voisine… Le savagnin, le poulsard et le trousseau sont eux (presque) exclusivement jurassien. Autrefois uniquement réputé pour le fameux vin jaune aux arômes inimitables de noix – un vieillissement de six ans en cave sans ouillage, et la formation naturelle d’un voile qui protège le vin d’une trop forte oxydation -, le savagnin démontre aujourd’hui tout son potentiel à donner de grands vins blancs ouillés issus d’un élevage classique : capables de tenir dans le temps, de véritables cuvées de gastronomie qui font merveille avec la cuisine exotique, des viandes blanches, des poissons crémés ou des fromages franc-comtois. Poulsard – ou ploussard – et trousseau, eux, engendrent des rouges étonnants : le premier, qui se plaît particulièrement à Pupillin, distingue des vins à la robe claire et d’une remarquable fnesse aromatique. Le second, notamment très à l’aise sur le secteur de Montigny-les-Arsures, signe des cuvées plus soutenues et intenses, aptes à bénéficier d’une longue garde. Au gré d’une exploration plus poussée, n’hésitez pas à pousser la porte des meilleurs domaines de la région. Arbois et les communes environnantes abritent une foule de vignerons talentueux et inspirés. Pour le site spectaculaire du village perché en surplomb des vignes et pour ses célèbres vins jaunes estampillés par l’AOC éponyme, halte obligatoire aussi à ChâteauChalon. Tout au long d’un itinéraire oenotouristique plein de surprises, ponctué de vallons, de combes, de coteaux en pente douce ou forte et de hameaux pleins de charme, proftez aussi de vos pérégrinations pour goûter à d’autres spécialités : le vin de paille, liquoreux obtenu après le séchage des raisins destiné à concentrer les sucres à l’intérieur des baies, les bulles du crémant du Jura, et pourquoi pas le macvin, mistelle ou vin de liqueur issu d’une eau-de-vie de raisin… Trop longtemps oublié, le vignoble du Jura est en pleine renaissance : le moment ou jamais de le découvrir pour la beauté des lieux.