La Revue du Vin de France

Vignoble identitair­e

Partir, oui, mais pour aller où ? Cap sur le Jura, pour arpenter une région dynamique et singulière.

- Par Pierrick Jégu

Il n’est pas si loin le temps où les marchands de vins de l’Hexagone avaient toutes les misères du monde à vendre une bouteille de vin du Jura… Aujourd’hui, grâce au travail qualitatif de nombreux vignerons s’inscrivant dans les pas de quelques glorieux aînés, ce magnifque vignoble, qui s’étire sur 80 kilomètres, retrouve peu à peu les faveurs des sommeliers, des cavistes et des amateurs. Une bonne nouvelle et un succès amplement mérité ! À l’heure où la mondialisa­tion touche aussi le monde du vin, cette région viticole préserve sa grande originalit­é et la réjouissan­te diversité de ses production­s. Elle doit d’abord sa singularit­é à ses cépages qui, parmi tous les micro-terroirs autochtone­s, trouve chacun des sols propices à leur expression… Cultivés ici depuis plusieurs siècles, le chardonnay – environ 50 % des plantation­s pour des vins très intéressan­ts - et le pinot noir restent certes emblématiq­ues de la Bourgogne voisine… Le savagnin, le poulsard et le trousseau sont eux (presque) exclusivem­ent jurassien. Autrefois uniquement réputé pour le fameux vin jaune aux arômes inimitable­s de noix – un vieillisse­ment de six ans en cave sans ouillage, et la formation naturelle d’un voile qui protège le vin d’une trop forte oxydation -, le savagnin démontre aujourd’hui tout son potentiel à donner de grands vins blancs ouillés issus d’un élevage classique : capables de tenir dans le temps, de véritables cuvées de gastronomi­e qui font merveille avec la cuisine exotique, des viandes blanches, des poissons crémés ou des fromages franc-comtois. Poulsard – ou ploussard – et trousseau, eux, engendrent des rouges étonnants : le premier, qui se plaît particuliè­rement à Pupillin, distingue des vins à la robe claire et d’une remarquabl­e fnesse aromatique. Le second, notamment très à l’aise sur le secteur de Montigny-les-Arsures, signe des cuvées plus soutenues et intenses, aptes à bénéficier d’une longue garde. Au gré d’une exploratio­n plus poussée, n’hésitez pas à pousser la porte des meilleurs domaines de la région. Arbois et les communes environnan­tes abritent une foule de vignerons talentueux et inspirés. Pour le site spectacula­ire du village perché en surplomb des vignes et pour ses célèbres vins jaunes estampillé­s par l’AOC éponyme, halte obligatoir­e aussi à ChâteauCha­lon. Tout au long d’un itinéraire oenotouris­tique plein de surprises, ponctué de vallons, de combes, de coteaux en pente douce ou forte et de hameaux pleins de charme, proftez aussi de vos pérégrinat­ions pour goûter à d’autres spécialité­s : le vin de paille, liquoreux obtenu après le séchage des raisins destiné à concentrer les sucres à l’intérieur des baies, les bulles du crémant du Jura, et pourquoi pas le macvin, mistelle ou vin de liqueur issu d’une eau-de-vie de raisin… Trop longtemps oublié, le vignoble du Jura est en pleine renaissanc­e : le moment ou jamais de le découvrir pour la beauté des lieux.

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