Entre tradition et modernité
La découverte de la Champagne passe autant par la visite des vignerons, que des prestigieuses maisons et des coopératives, les trois piliers du modèle viticole champenois.
Au-delà de son vin, l a Champagne offre une singularité culturelle et économique à l’oenophile, qu’il est bon d’aborder selon le principe du triptyque. Alors que Bordeaux s’affiche à l’aulne de ses crus classés et la Bourgogne de ses domaines de petite taille, la Champagne s’inscrit volontairement et depuis le xixe siècle dans une dimension industrielle de la production de champagne avec la force de grandes marques. Mais ce modèle ne serait pas complet sans l’appui des vignerons indépendants ou apporteurs de raisins et des caves coopératives. Ainsi, l’oenotourisme à la champenoise présente ces trois visages. On peut commencer un circuit à partir de Reims où siègent parmi les plus prestigieuses marques ouvertes au public. Mumm, Veuve-Clicquot, Pommery et Taittinger ont développé des circuits de visites souterraines dans le dédale de leurs galeries de plusieurs kilomètres où dorment leurs stocks de bouteilles. Chacune à sa spécialité. Art contemporain exposé chez Pommery, gigantisme chez VeuveClicquot, et patrimoine chez Taittinger. Cette dernière est située sur les fondations
de l’ancienne abbaye Saint-Nicaise. En descendant dans les caves, on peut encore voir un ancien escalier et les traces de ce passé religieux. Mais la maison a également servi d’abris et de maternité pendant la Première Guerre mondiale. Un samedi par mois, l’ofce de tourisme de Reims propose, dans le cadre des commémorations du centenaire de la guerre 14-18, un passage dans les galeries de la maison Taittinger.
25 millions de bouteilles à l'année
À l’extérieur, avant de quitter Reims, le restaurant Les Crayères est un passage presque obligé. Cette table doublement étoilée possède une carte des vins remarquable (près de 1 000 références) et des menus construits autour de prestigieuses cuvées de champagne. Hors les murs de la ville, peu de vignerons sont ouverts au public. Ou alors sur rendez-vous. Toutefois, Isabelle et Éric Coulon proposent des visites de leur vignoble, des journées vendange, des initiations à la dégustation, et même des chambres d’hôtes. Enfin, deux caves coopératives, entre Rimes et Épernay sont ouvertes au public. Non loin du phare de Verzenay, la petite cave de Mailly Grand Cru reçoit les visiteurs au caveau afn de faire découvrir ses cuvées parcellaires, mais ne fait pas visiter sa cave. De son côté, Nicolas Feuillatte ouvre au public son centre de vinifcation ultramoderne. La coopérative expose en toute transparence son impressionnant outil de production, où les robots sont omniprésents. C’est la plus importante de Champagne avec une production annuelle de près de 25 millions de bouteilles. Et la taille des cuves laisse imaginer le volume produit. Une image décomplexée qui souligne combien le champagne est un produit industriel et de qualité. Pour se remettre de ses émotions, direction Avize afn de se restaurer chez Anselme Selosse, dans son restaurant Les Avisés ou pour rencontrer Benoît Lahaye qui vous expliquera comment il travaille ses quatre hectares de vigne en biodynamie avec son cheval. Bien loin du gigantisme de Nicolas Feuillatte. Mais les deux cohabitent et font avancer la Champagne.