Muscadet : la réforme fait pschitt
Moderniser le muscadet, pourquoi pas ? Mais l’introduction des cépages colombard, chardonnay ou sauvignon gris pour les vins génériques a été retoquée.
Redonner des couleurs au muscadet, tel était l’objectif de l’organisme de gestion du Muscadet (Sdaoc) et de l’interprofession, négoce compris. En janvier, le plan présenté devait revivifier un vignoble ravagé par le gel en 2008 et 2009. Six mois plus tard, tout est à refaire. Ou presque.
Pour bien saisir le dossier, il faut considérer le Muscadet comme une pyramide à trois étages. En bas, le muscadet générique aurait été autorisé à utiliser trois cépages en plus du melon de Bourgogne, aujourd’hui seul habilité : colombard, chardonnay et sauvignon gris (10 % maximum). Objectif ? Produire des vins plus aromatiques, ciblant les jeunes.
Au centre de la pyramide, les appellations sous-régionales “sur lie” (Sèvre-et-Maine, Coteaux-de-la-Loire et Côtesde-Grandlieu, des vins de terroir et de gastronomie) auraient bénéfcié mécaniquement de cette clarification. La mention “sur lie” leur aurait été préservée. Quant au haut de gamme, les crus communaux, Gorges, Clisson et Le Pallet, ils devaient accueillir de nouveaux terroirs : Mouzillon-Tillières, Mo n n i è re s - Sa i n t - Fi a c re , Château-Tébaud, Goulaine…
Une identité préservée
Seulement voilà, la modernisation annoncée n’a pas convaincu, achoppant essentiellement sur la question de l’entrée de gamme. Produire un vin d’assemblage, pourquoi pas, « mais pas question de l’appeler muscadet » , rétorquait le 16 mai dernier dans Ouest France Jérémie Huchet, vigneron à Château-Tébaud. Beaucoup n’en démordaient pas : le muscadet est issu à 100 % de melon de Bourgogne, c’est son identité. Y introduire de nouveaux cépages ? Non, ou alors qu’on en fasse un vin de pays ou une marque.
De leur côté, les initiateurs de la réforme veulent relancer une concertation pour la fn 2015 : « Depuis quinze ans, nous nous heurtons au problème de la valorisation des muscadets d’entrée de gamme, explique Joël Forgeau, président du Syndicat du Muscadet. Allons-nous enfn apporter une réponse à ce problème ou encore attendre ? »