La Provence veut sabrer ses propres bulles de rosé
Olivier Brun, jeune vigneron provençal, veut imposer une AOC Côtes de Provence effervescent dès la fin de l’année. Les Champenois grincent des dents.
Le rosé provençal, quel succès ! Les domaines ne cessent de lancer des cuvées Prestige à l’habillage qui évoque celui, très élaboré, des bouteilles de champagne et à des prix qui peuvent s’envoler au-delà des 40 euros.
Certains d’entre eux vont encore plus loin. Non content d’avoir mis sur orbite une cuvée premium baptisée Brigue Royale à 32 euros la bouteille, Olivier Brun, jeune vigneron du château de Brigue dans le Var, milite désormais pour la création d’une AOC Côtes de Provence effervescent. « Pourquoi laisser à la Champagne le monopole des vins effervescents rosés, alors que le rosé incarne la Provence ? » , demande, un rien provocateur, l’ambitieux trentenaire.
L’Inao doit trancher
Le projet de création d’une AOC pétillante en Provence est un vieux serpent de mer de la viticulture sudiste. Programmé pour être représenté à la fin de l’année devant l’Inao, le dossier pourrait finir par être accepté. « Cette fois, il s’agit simplement de rajouter une ligne à notre cahier des charges dans laquelle nous proclamerons notre volonté d’élaborer des rosés de Provence effervescents en méthode traditionnelle mais avec une prise de mousse spécifique » , explique Olivier Brun.
Contrairement à la pratique champenoise, les côtes-de-provence effervescents ne devraient pas avoir la possibilité d’assembler différents millésimes et ne recevraient que très peu de liqueur d’expédition, afin de ne pas masquer les caractéristiques du terroir. Les prix de ces rosés d’un nouveau genre devraient cependant s’apparenter à ceux des champagnes d’entrée de gamme (moins de 20 euros la bouteille en moyenne).
Comme beaucoup de vignerons provençaux, Olivier Brun produit déjà des rosés effervescents sous mention Vin de France. Il compte sur cette nouvelle AOC pour profiter de la bonne dynamique de l’appellation Côtes de Provence, en France comme à l’étranger.
Une position osée, mais les ténors des très dynamiques et puissants acteurs du rosé se défendent : « Avec le rosé haut de gamme, nous allons concurrencer le champagne sur le marché des vins festifs » , déclarait ainsi François Matton, l’influent copropriétaire du château Minuty.