Patrimonio : la Maison des vins toujours à l’abandon
J’ai eu la surprise de découvrir dans vos pages le chiffre de 4,8 millions d’euros d’investissements pour la réalisation de la Maison des vins de Patrimonio, en Corse (lire La RVF n° 592, juin 2015). Il aurait été plus judicieux de faire une analyse sur le fond (…) Pour la petite histoire, la commune de Patrimonio a été lauréate d’un pôle d’excellence labellisé “Alliance du Vin et de la Musique”, appuyé sur deux axes : l’activité séculaire viticole et une tradition de vignerons guitaristes. Il s’agissait de matérialiser l’alliance du vin et de la musique dans le paysage de Patrimonio.
Au final, le coût de réalisation de la Maison des vins et de l’académie de guitare se chiffre à 2,2 millions d’euros, soit en l’occurrence : - 600 000 € au titre du pôle d’excellence ; - 300 000 € en provenance de la Collectivité territoriale de Corse ; - 300 000 € provenant du département de la Haute-Corse ; - 1 000 000 € d’un mécénat généreusement versé par un polytechnicien 1er prix de conservatoire. Ajoutons que l’ensemble de ce projet a fait l’objet d’un financement FEDER de 687 000 €.
J’ai été la cheville ouvrière pendant de longues années de cette construction ardue. Les raisons de cette faillite n’ont rien de financier. Quelques vignerons “épiciers” ont eu peur de perdre du chiffre d’affaires. Dans leur esprit, la Maison des vins (qui vendait leur propre vin) devenait un concurrent hégémonique. Or, l’étude de faisabilité mentionnait une recette basée sur une vente de 3 600 bouteilles par an (120 bouteilles par producteur) pour une aire qui en produit 2 millions…
Par ailleurs, depuis toujours, les Corses ont d’extrêmes difficultés à se regrouper dans une démarche collective. Et malheureusement, certains vignerons médiatiques jouissant d’une réussite personnelle, dont vous êtes les relais, ont peur que la réussite d’un groupe leur fasse de l’ombre. Cet individualisme forcené dans l’île est une des raisons de nos échecs répétés dans bien des domaines.
Enfin, à tout cela vient se greffer un seuil de tolérance très limité : des intransigeants de la morale aux avant-postes de tous les combats anti-progrès aux relents xénophobes préfèrent l’échec d’une collectivité et la régression plutôt que l’ouverture.
Et puis ceci : quand vous reparlerez de la Corse, ne réduisez pas votre regard à un cliché à la Prosper Mérimée. Guy Maestracci
Ancien maire, 20253 Patrimonio maestracci.guy@gmail.com
Cher M. Maestracci, nous prenons bonne note des précisions que vous apportez. Nous évoquions un budget de 4 millions d’euros plus 800 000 € versés par l’Union européenne ; vous ramenez la facture à 2,2 millions plus 687 000 € de l’Europe. Dont acte. Nous continuons à regretter toutefois, avec tous les amoureux de la Corse, du bon vin et de la musique, l’ échec de ce projet ambitieux et l’ état d’abandon dans lequel se trouve aujourd’ hui ce bâtiment. Qui prendra l’ initiative de relancer ce projet ? P. Maurange