La Revue du Vin de France

Lafitte gagne contre Lafite

Le (presque) homonyme du premier cru classé de Pauillac pourra être vendu en Chine. Mais l’addition est lourde.

- Benoist Simmat

Max, 88 ans, avait défait en 2011 les avocats de la famille Rothschild, propriétai­re du château Lafite à Pauillac (lire La RVF n° 581). Cette année, son fils Philippe, 39 ans, a convaincu la justice chinoise de l’autoriser à commercial­iser en Chine les vins de son château Lafitte, avec deux “t”.

Douze années de lutte acharnée pour la famille Mengin, propriétai­re de ce petit cru ambitieux (conseillé par Michel Rolland depuis deux ans), mais pour laquelle la facture judiciaire s’annonce lourde.

« Oui, nous avons gagné. Et c’est sans doute définitif, ils ne nous attaqueron­t pas sur d’autres marchés émergents, raconte Philippe Mengin. Mais cela a été très difficile, cela nous a coûté très cher. C’est de l’argent que nous ne reverrons pas. Quand vous vous attaquez à la famille d’un domaine comme Lafite Rothschild, vous êtes seuls. »

Et pourtant, ils n’ont jamais renoncé. Avec le temps, les Mengin ont positionné leur vin comme un très joli bordeaux, exporté à 95 % hors du système du négoce bordelais. Ils disposent de solides distribute­urs sur des marchés comme la Chine, Singapour, l’Allemagne, la Suisse, le Mexique… Trente pays en tout. Il fallait bien cela pour financer leur défense, les avocats, les voyages...

Les juges chinois ont estimé qu’aucune confusion ne pouvait exister entre un Lafite vendu jusqu’à 1 000 euros la bouteille et un côtes-debordeaux Lafitte cédé 50 euros maximum. Les deux étiquettes ont été jugées distinctes. Les propriétai­res de château Lafite n’ont pas souhaité commenter la décision de justice.

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