Le tonnerre feutrŽ de ch‰teau Canon
Un charme désuet ou style d’avantgarde à force d’être d’arrière-garde ? À boire. 25 €
CSAINT-ƒMILION
ru emblématique du plateau calcaire, à un jet de pierre des murailles de Saint-Émilion, Canon a traversé des périodes de gloire, de gros temps et d’oubli, à l’image de son fondateur éponyme, le corsaire Jacques Kanon (1726-1800). Sous-estimé à sa naissance, Canon 2006 (issu d’un très conventionnel 80 % merlot, 20 % cabernet franc) opère une “montée en finesse” davantage qu’une montée en puissance. Il faut dire qu’une fois remis sur les rails après une période délicate de changement de propriétaires, le domaine, sous la houlette de l’Écossais John Kolasa, a maintenu le cap d’un style très classique, avec un délié permettant au terroir d’exprimer ses détails mais parfois une matière qui pouvait sembler trop discrète. Canon a dû faire le gros dos pendant deux décennies sous les coups de boutoir des jeunes turcs parkerisés de l’appellation. La flamboyance distinguée de ce 2006 sonne aujourd’hui non pas comme une revanche, mais comme la redécouverte de qualités (harmonie, délicatesse, nuance) un temps minorées.