Le vin au Sénégal, quel défi !
Au sud-est de Dakar, deux Français toqués de vin se lancent dans la viticulture.
C’est un décor inédit. Au bout d’un chemin ensablé, une garde de baobabs séculaires veille sur de jeunes rangs de vignes. Bienvenue au Clos des Baobabs, sur la Petite Côte, à 60 kilomètres au sud-est de Dakar. François Normant, ingénieur informatique arrivé au Sénégal en 2007, et Philippe Franchois, ex-assureur né il y a 63 ans à Dakar, se sont lancés dans une drôle d’aventure.
Sur leurs 12 hectares, seul un hectare est pour l’heure exploité… et irrigué grâce à un puits qui plonge à 200 mètres de profondeur. « Nous avançons en marchant. Nous avons les questions, pas toutes les réponses » , reconnaît Philippe Franchois. Ainsi, sur les 5 000 pieds plantés, issus de cinq cépages différents, seul le grenache et un peu la syrah ont été concluants. De nouveaux cépages vont être testés.
Deux vendanges par an
Produire du vin ici est autant un défi culturel – le Sénégal compte 95 % de musulmans – qu’un tour de passe-passe face à la météo. « Ici, la vigne pousse en continu, il n’y a pas de saisons marquées, on réalise deux vendanges par an, souligne François Normant. La clé consiste à maîtriser le cycle végétatif sans calquer le modèle des climats tempérés. »
Quelques centaines de bouteilles (80 % de rouges, 20 % de rosés) ont déjà été produites, issues à 100 % de grenache. « Des vins prometteurs avec un bel équilibre » , assure Jean-Marie Mikalef, oenologue depuis 25 ans à Dakar, en charge des vinifications. Le rosé affiche des notes de pêche et de fruits tropicaux, le rouge des arômes puissants de datte (en toute logique...), de pruneau mais aussi de fruits rouges.
Si l a vigne progresse en Afrique orientale et australe, l’Afrique de l’Ouest reste un terrain à défricher. « Le potentiel est là » , confirme Mokhsine Diouf, oenologue sénégalais.
Et les prix ? Comptez près de 7 000 francs CFA la bouteille, soit 10 euros. Objectif : le marché sénégalais.